Dans le secteur de l’intelligence artificielle (IA), pour développer des technologies qui se démarquent de la concurrence, les entreprises exploitent le vivier de talents parmi leurs employés. Cette spécificité rend les risques de débauchage importants et les sociétés du milieu s’efforcent à garder leur main-d’œuvre. Ces enjeux sont d’autant plus grands pour les groupes américains possédant des divisions en Chine, alors que le bras de fer entre Washington et l’Empire du Milieu continue. Pour y faire face, Microsoft serait sur le point de relocaliser une partie de son personnel travaillant dans son centre de recherche Microsoft Research Asia (MRSA) situé à Pékin au Canada.

Un nouveau centre de recherche au Canada

Plusieurs sources proches de l’affaire ont confié au Financial Times les intentions du géant américain de transférer certains de ses meilleurs chercheurs en IA vers Vancouver. 20 à 40 personnes pourraient être concernées par ce changement, mais Microsoft a indiqué que « les nombres rapportés ne sont pas exacts ».

De plus, la firme de Redmond explique que le « plan Vancouver », l’intention de Microsoft de moins dépendre de la Chine avec la montée en puissance des tensions politiques, « n’existe pas ». Vendredi dernier, elle déclarait que « nous sommes en train de créer un nouveau laboratoire à Vancouver, dont l’organisation sera alignée sur celui du MSRA et qui sera conçu pour mieux collaborer avec les équipes d’ingénieurs de Vancouver ». Elle ajoute que « le laboratoire sera doté de personnel provenant d’autres laboratoires de MSR dans le monde entier, y compris de la Chine ».

La guerre entre Washington et Pékin perdure

Les scientifiques en intelligence artificielle de Microsoft ont conscience des risques pour leur entreprise en restant en Chine, « notamment ceux travaillant sur le machine learning ». Une des sources précisait que les talents pouvaient être « débauchés par des sociétés chinoises », désireuses de développer leur propre modèle de langage, « ou que des employés soient harcelés par les autorités ». Ces dangers auraient été discutés au cours de discussions en interne.

Les acteurs chinois de la tech se lancent eux aussi dans la course à l’intelligence artificielle. Malgré les efforts des États-Unis pour freiner leur avancée, en restreignant notamment l’exportation des semi-conducteurs les plus avancés, nécessaires à l’entraînement des modèles de langage, plusieurs groupes arrivent à tirer leur épingle du jeu. C’est le cas de Huawei qui présentait, en mars, dernier PanGu-Σ (PDF), son modèle entraîné sur les puces bridées H800 et A800 de NVIDIA.

Pour les chercheurs de Microsoft, cette bataille représente un frein à l’innovation. Ils estiment qu’en allant « dans un pays tiers, en dehors des États-Unis et de la Chine, nous pourrons retrouver le dynamisme des discussions technologiques d’antan ».