TikTok aurait-il induit le Congrès américain en erreur ? C’est ce que pensent le démocrate Richard Blumenthal et la républicaine Marsha Blackburn. Les deux sénateurs estiment que, lors de son audition au Congrès en mars dernier, Shou Zi Chew, le PDG du réseau social, a fait des déclarations trompeuses quant au traitement des données des utilisateurs américains.

TikTok reste confiant quant à ses déclarations

Dans une lettre envoyée jeudi 8 juin à Shou Zi Chew, les politiciens expliquent être « troublés par la tendance de TikTok à fournir des réponses trompeuses ou inexactes ». Pour les deux sénateurs, le PDG n’a pas été complètement honnête sur la façon dont sont stockées et gérées les données des internautes américains sur sa plateforme. Leurs affirmations se basent sur un article de Forbes, publié fin mai. D’après le média économique, TikTok aurait conservé des informations sur les créateurs de contenu américains sur des serveurs basés en Chine, à portée de main de tous les employés de l’entreprise. Parmi celles-ci, leurs numéros de sécurité sociale et leurs identifiants fiscaux.

Richard Blumenthal et Marsha Blackburn ont également cité une enquête du New York Times également de mai dernier. Dans celle-ci, le quotidien new-yorkais affirme que les équipes de TikTok partagent régulièrement des données sur les utilisateurs via une application de messagerie interne appelée Lark. Les permis de conduire de certains internautes américains seraient accessibles directement depuis la plateforme, utilisée quotidiennement par des milliers d’employés de ByteDance, la société mère de TikTok. Depuis juillet 2021, plusieurs salariés en charge de la sécurité auraient averti l’entreprise des risques liés à l’utilisation de Lark. Les données échangées sur cet outil seraient stockées sur des serveurs en Chine.

Toutes ces informations sont loin de rassurer les deux sénateurs américains. Pour en savoir plus, ils ont envoyé une lettre de quatorze questions à Shou Zi Chew. L’objectif est d’avoir des précisions sur la manière dont TikTok traite, partage et stocke les données, et surtout à quel endroit. La société chinoise a jusqu’au 16 juin pour y répondre.

« Nous prenons actuellement connaissance de la lettre », a déclaré Alex Haurek, porte-parole de TikTok. « Nous restons confiants quant à l’exactitude de notre témoignage et de nos réponses au Congrès », a-t-il assuré.

Lors de son entretien avec les autorités américaines, TikTok avait bien précisé que les données personnelles des utilisateurs américains étaient conservées à Singapour, où se trouve son siège, et dans l’État de Virginie. Toutefois, il est difficile de savoir qui a vraiment accès à ces informations. Par ailleurs, son data center situé dans l’est des États-Unis présenterait d’importantes failles de sécurité, bien que l’entreprise ait démenti ces affirmations.

Richard Blumenthal et Marsha Blackburn sont loin d’être les seuls à s’inquiéter de la manière dont TikTok traite les données. Le 31 mai, le sénateur républicain Marco Rubio a demandé au procureur général des États-Unis d’ouvrir une enquête sur les déclarations faites par Shou Zi Chew lors de son audition au Congrès. Il estime, lui aussi, que le PDG aurait menti sur plusieurs points. Comme de nombreux politiciens américains, Marco Rubio souhaite que le réseau social soit banni du pays de l’Oncle Sam. L’application est déjà interdite dans l’État du Montana.

De l’autre côté de l’Atlantique, l’étau se resserre aussi autour de TikTok. Le vendredi 9 juin, la branche française du réseau social a été convoquée devant le Sénat. Son exploitation des données était l’un des nombreux sujets au cœur de la discussion.