À son tour, le Royaume-Uni tente de s’immiscer dans la course à l’intelligence artificielle (IA). En visite à Washington ce mercredi 7 juin, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a annoncé l’organisation du premier sommet mondial dédié à l’IA sur ses terres à l’automne prochain.

Londres a des ambitions dans le secteur de l’IA

Depuis plusieurs années déjà, les grands acteurs du secteur s’interrogent sur l’impact de l’intelligence artificielle sur notre société. Sam Altman, président-directeur général d’OpenAI, l’entreprise derrière ChatGPT et DALL-E 2, a même confié ses inquiétudes autour de l’IA générative et son besoin de surveillance au Congrès américain. Pour le fondateur, il est nécessaire de réguler l’industrie rapidement.

Cette prise de position est partagée par les autorités de régulation du monde entier, qui redoublent d’efforts pour mieux comprendre cette technologie et l’encadrer sans entraver l’innovation. L’Union européenne et les États-Unis ont déjà engagé des discussions à ce sujet. Mercredi 31 mai, lors de la quatrième édition du Conseil du commerce et des technologies, Bruxelles et Washington ont plaidé pour la mise en place rapide d’un code de conduite “volontaire” sur l’intelligence artificielle.

Le Royaume-Uni compte bien entrer dans la danse. En marge d’une visite à la Maison-Blanche, où il doit s’entretenir avec Joe Biden, ce jeudi 8 juin, Rishi Sunak a annoncé l’organisation du premier sommet mondial sur l’IA au Royaume-Uni. L’objectif est de rassembler « des pays ayant une approche similaire » afin de s’accorder sur les bases d’une régulation, a expliqué un porte-parole du dirigeant britannique. Rishi Sunak a ajouté qu’il était important « que les garde-fous soient en place » quant à l’utilisation de l’IA. Le gouvernement insiste, le but n’est pas de déjouer l’exploitation que pourraient en faire la Chine ou la Russie.

Les Britanniques souhaitent avant tout poursuivre les discussions entamées lors du dernier rassemblement annuel du G7. Afin d’établir un cadre international, qui répond aux attentes et aux contraintes des pays membres, un « groupe de travail » avec chacun des états devrait voir le jour. Cette initiative permettrait de mutualiser leurs efforts pour réguler le secteur.

En organisant le premier sommet de ce genre au Royaume-Uni, Rishi Sunak vise surtout à mettre en avant son investissement dans ce domaine. Pour le Premier ministre, l’objectif serait, à terme, d’accueillir le siège d’un potentiel régulateur mondial de l’IA.

« Je pense que nous devons avoir confiance dans la capacité de notre pays à être un leader lorsqu’il s’agit d’IA, car c’est ce que les faits soulignent », a-t-il assuré à la BBC. « Si vous regardez le nombre d’entreprises, les montants investis, la qualité de notre recherche, personne n’est au niveau parmi les autres pays démocratiques, en dehors des États-Unis. Nous sommes l’endroit idéal pour engager cette conversation, et c’est ce que j’ai entendu de la part des PDG », s’est vanté le dirigeant auprès de chaînes télévisées américaines.

Dans une récente étude (pdf), le gouvernement britannique indique que le secteur de l’IA contribue positivement à l’économie du pays. Il lui rapporterait 3,7 milliards de livres sterling chaque année. Pour continuer sur cette lancée et devenir un acteur central de cette industrie, le Royaume-Uni devra toutefois se faire une place de choix aux côtés de l’Union européenne, des États-Unis et de la Chine, qui sont déjà bien en avance sur ce sujet.