L’intelligence artificielle (IA) générative, popularisée par le lancement public de ChatGPT en novembre dernier, continue de s’établir dans les habitudes de la société. Face à cet engouement grandissant, les autorités de régulation du monde entier se penchent sur cette technologie afin de mieux la comprendre et de l’encadrer sans freiner l’innovation. En ce sens, Sam Altman, président-directeur général d’OpenAI, l’entreprise derrière ChatGPT et DALL-E 2, était entendu par le Congrès américain, le 16 mai, pour échanger avec les membres de la commission des affaires juridiques du Sénat sur les inquiétudes autour de l’IA générative et son besoin de surveillance.

Vers la création d’une nouvelle agence gouvernementale ?

La situation à un air de déjà-vu. Dans la salle, la posture de Sam Altman rappelle celle de Mark Zuckerberg et des autres directeurs des géants de la tech interrogés par les représentants du peuple américain au cours des dernières années. Un exercice que le fondateur d’OpenAI semble avoir relevé haut la main en affirmant aux sénateurs que « nous comprenons que les gens soient inquiets de la façon dont cela peut changer notre façon de vivre. Nous le somme aussi ».

Conscient des dangers que peut représenter la technologie au sein de ses produits, l’homme d’affaires a déclaré que « si celle-ci tourne mal, elle risque de tourner vraiment mal ». Pour correctement encadrer l’intelligence artificielle générative et éviter au maximum les dérives, il suggérait la création « d’une nouvelle agence capable de délivrer des licences en fonction des capacités des technologies, qui pourrait les retirer et veiller au respect des normes de sécurité ».

Inquiétudes justifiées

Interrogé sur l’impact de l’IA générative sur la société, Sam Altman se montre transparent. « Il y aura un impact sur l’emploi », a-t-il indiqué, « nous essayons d’être très clairs à ce sujet ». Dans son discours, retransmis par CNBC, il est « convaincu que la technologie va permettre de créer de nouveaux emplois fantastiques dans le futur et améliorer ceux déjà existants ».

Si le patron d’OpenAI a l’air peu préoccupé par les potentiels postes supprimés par l’intelligence artificielle, il appelle à être vigilant sur de nombreux secteurs. En particulier celui de la politique, du vol de propriété intellectuelle, de la désinformation, des opérations militaires et des biais discriminatoires.

Richard Blumenthal, sénateur démocrate dans l’État du Connecticut, a interpellé Sam Altman sur le terrain de l’usurpation d’identité, facilitée par les outils IA. Avant de prendre la parole, ce dernier a diffusé un faux enregistrement de sa voix généré par cette technologie. « Et si elle avait servi à faire passer un message mensonger sur la capitulation de l’Ukraine ? » avait-il enchéri, « la perspective est plus qu’effrayante ».

En réponse, l’entrepreneur a comparé la popularisation de l’intelligence artificielle générative à celle des logiciels de retouche photo. Il précisait que la population avait « rapidement compris qu’une image pouvait avoir été retouchée ». Un moyen de sous-entendre que le phénomène n’ait pas propre à l’IA tout en admettant qu’il persiste avec cette nouvelle technologie.

Des réminiscences du passé

Une chose est sûre pour Sam Artman, il est nécessaire de réguler l’industrie de l’intelligence artificielle. Au sein du Congrès, les membres des deux partis considèrent aussi qu’une réglementation fédérale est nécessaire. Josh Hawley, sénateur républicain dans l’État du Missouri, se demandait toutefois s’il est possible de « trouver l’équilibre entre l’innovation technologique et notre responsabilité éthique et morale ».

Les représentants américains ne veulent pas reproduire les erreurs commises par le passé, lors de l’essor des réseaux sociaux. Dick Durbin, sénateur démocrate dans l’Illinois, a souligné qu’« en ce qui concerne les plateformes en ligne, le gouvernement a eu tendance à se tenir à l’écart ». Il ajoutait « ne pas être sûr d’être satisfait du résultat, car j’ai un regard sur ces dernières et les préjudices qu’elles ont causés. Je ne veux pas reproduire cette erreur ». De son côté, Sam Altman a rappelé qu’« il est important de comprendre que GPT-4 est un outil, pas une créature, sur lequel les gens ont un grand contrôle ».

L’échange entre le PDG d’OpenAI et les sénateurs aura permis au Congrès d’avoir un premier aperçu du domaine de l’IA. Une première étape essentielle pour parvenir à un encadrement de ces technologies dans les mois voire les années à venir.