La Cyberspace Administration of China (CAC), l’organisme de réglementation et de la surveillance d’Internet du gouvernement chinois, a partagé, le 11 avril, un premier aperçu des réglementations de l’intelligence artificielle (IA) générative. S’il ne s’agit que d’une ébauche rendue publique pour recueillir un avis de la population, et notamment des acteurs du milieu, certaines de ces mesures pourraient être conservées à l’avenir.

Pékin veut contrôler l’intelligence artificielle générative

Depuis le lancement public de ChatGPT par OpenAI, en décembre dernier, de nombreuses entreprises de la tech, dont les géants chinois, ont rejoint le train à grande vitesse de l’IA. En ce sens, face à un secteur en pleine expansion, Pékin cherche à encadrer cette technologie. « Afin de promouvoir le développement sain et l’application normalisée de la technologie de l’IA générative », note la CAC, « le Bureau national d’information sur l’internet a rédigé les “Mesures de gestion pour les services d’IA générative” ».

Les règles proposées par la CAC sont essentiellement composées de réglementation en matière de données et de contenus déjà existants. Parmi elles, la protection d’informations personnelles ou la censure des messages considérés par le Parti Communiste Chinois comme indésirables. Ainsi, les contenus produits par l’intelligence artificielle générative doivent « refléter les valeurs socialistes fondamentales et ne doivent pas contenir de contenu relatif à la subversion du pouvoir de l’État ». En outre, il est interdit de créer de « la propagande terroriste ou extrémiste », de « la haine raciale » ou « d’autres contenus pouvant perturber l’ordre économique et social ».

La CAC précise qu’« avant de fournir des services au public utilisant des produits d’intelligence artificielle générative, une inspection de sécurité doit être sollicitée auprès des départements de régulation d’internet ». Il pourra être demandé aux sociétés de partager certaines informations concernant les données utilisées lors de l’entraînement de leur IA.

De nombreux obstacles pour cette technologie

Nombreuses sont les entreprises chinoises à s’atteler au développement de leur propre outil ayant recours à l’intelligence artificielle générative. Début février, JD.com lançait une première version de son alternative à ChatGPT tandis que Baidu présentait, le 16 mars, son modèle de langage. Alibaba et SenseTime sont les derniers des mastodontes de l’Empire du Milieu à avoir dévoilé leur propre IA générative. Des services très jeunes qui risquent de devoir être repensés pour répondre aux exigences de Pékin en matière de régulation.

En ce sens, interrogée par Bloomberg, Angela Zhang, professeur de droit à l’université de Hong Kong, indique que « les réactions rapides de la CAC face à cette nouvelle technologie démontrent clairement son ambition réglementaire dans ce domaine ». Elle explique que « ces développements auront probablement des répercussions sur la réglementation chinoise en matière d’IA à l’avenir », avant de préciser que « toutefois, les régulateurs chinois font preuve d’une grande prudence dans leur approche afin de laisser plus de place au développement de l’IA générative dans le pays ».

Car en plus de l’encadrement exigé par le gouvernement chinois, les sociétés chinoises doivent faire face aux restrictions américaines en matière d’importation de semi-conducteurs , souvent essentiels au développement de ces intelligences artificielles. Craignant que les puces électroniques produites par les entreprises américaines soient trop avancées et servent à améliorer la puissance militaire de Pékin, Washington a drastiquement restreint leur exportation vers la Chine. Certains composants, comme le modèle H100 de NVIDIA, possèdent un taux de transfert une puissance de calcul trop élevé et sont interdits à l’export.

La population chinoise a jusqu’au 10 mai prochain pour donner son avis sur la première version des réglementations de l’IA générative.