5 ans après sa création, l’américain Lime, l’un des pionniers de la micromobilité, est enfin rentable. L’entreprise a dévoilé le 21 février ses premiers résultats positifs. La start-up a engrangé 15 millions de dollars de bénéfices, avant les charges. La pandémie est désormais derrière elle, mais la société doit encore faire face aux restrictions réglementaires et parfois à une mauvaise image publique de ses services, notamment en France.

Lime prépare son introduction en Bourse

Le chiffre d’affaires de Lime a augmenté de 33 % par rapport à 2021, pour atteindre les 466 millions de dollars. Même en déduisant les charges, la start-up parvient à dégager 4 millions de dollars de bénéfices. Si ce résultat est encore fragile, l’entreprise espère renouveler et consolider sa performance dans les années à venir pour se constituer une trésorerie. Un moyen de se préparer à des événements inattendus affectant son activité, à l’image du Covid-19.

Face à ces performances encourageantes, l’entreprise lorgne sérieusement vers une introduction en Bourse, lorsque la situation économique et financière sera plus favorable. TechCrunch rapporte que lors de la publication des résultats, Wayne Ting, PDG de Lime a déclaré que lors de l’intégration de l’entreprise sur les marchés « ce sera parce que Lime souhaite accéder aux marchés publics, et non parce que l’entreprise a besoin d’être introduite pour lever des fonds ».

Dans son communiqué, Lime se vante d’être présent dans plus de 250 villes dans près de 30 pays. L’entreprise se projette comme un acteur important de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Selon elle, depuis sa création, 11 millions de litres d’essence ont été économisés. Au total, sur les 400 millions de trajets assurés via des appareils Lime, dont 120 millions en 2022, les utilisateurs ont parcouru 675 millions de kilomètres. Au cours de l’année dernière, l’entreprise a dépassé le seuil des 4 millions d’usagers actifs mensuel.

La France, un territoire conquis ?

En France, Lime est disponible dans trois villes : Paris, Marseille et Le Havre. Présente depuis 2018, l’entreprise a fait de la capitale française un axe de développement stratégique selon Les Échos, mais depuis 2020, les difficultés s’accumulent. La mairie de Paris, voyant un grand nombre d’entreprises de micromobilité envahir les trottoirs, a décidé de réguler le marché. En 2020, un appel d’offres remporté par Dott, Tier et Lime a limité le nombre de trottinettes à 5 000 par marque. Puis en 2022, elles ont été forcées d’immatriculer leurs véhicules afin de verbaliser ses usagers.

Au-delà des restrictions, Lime fait aussi face à une concurrence de plus en plus forte. En décembre 2021, l’entreprise a retiré son service de scooter à Paris seulement 8 mois après son lancement. Elle s’est montrée incapable de faire face à CityScoot déjà très implanté.

Lime n’arrive pas non plus à s’imposer sur l’entièreté du territoire français. L’obtention de licence pour opérer dans les grandes villes est de moins en moins simple : récemment elle a perdu des appels d’offres à Lyon et Bordeaux. La licence n’est également pas éternelle, le 2 avril prochain, les trottinettes électriques en libre-service pourraient être évincées de Paris. Les parisiens, dont certains manifestent leur ras-le-bol, sont appelés à se prononcer pour ou contre le maintien du service. Lime propose dans la capitale pas moins de 5000 trottinettes, cette décision pourrait avoir des conséquences significatives sur le chiffre d’affaires de la jeune pousse en 2023.