La Competition and Markets Authority (CMA), l’antitrust Britannique, a partagé, ce 8 février, une conclusion provisoire sur l’enquête visant le rachat d’Activision Blizzard par Microsoft pour 69 milliards de dollars. L’autorité de la concurrence anglo-saxonne estime que cette acquisition pourrait entraîner « des prix plus élevés, moins de choix ou moins d’innovations pour les joueurs britanniques ».

Un affaiblissement de la concurrence trop important

Les bruits de couloirs se sont confirmés avec la publication d’un premier rapport de la CMA. Lancée en juillet dernier, l’enquête a été alimentée par près de 3 millions de documents internes visant à comprendre le marché du jeu vidéo et son fonctionnement au Royaume-Uni. Sur cette base et d’autres, l’autorité a déclaré que l’opération « affaiblirait l’importante rivalité entre la Xbox et la PlayStation ». Une concurrence essentielle dans le domaine des consoles de jeux.

La CMA note que la fusion entre Activision Blizzard et Microsoft pourrait défavoriser les autres acteurs de l’industrie, notamment dans le tout jeune secteur du cloud gaming. D’après les informations obtenues par le régulateur, les infrastructures de cloud gaming de Microsoft comptent déjà pour 60 à 70 % du marché mondial. « L’achat de l’un des plus importants éditeurs de jeux au monde renforcerait cette position de force et réduirait considérablement la concurrence à laquelle Microsoft serait autrement confrontée sur le marché du cloud gaming au Royaume-Uni », souligne le communiqué.

Call Of Duty d’Activision Blizzard au cœur des débats

Activision Blizzard bénéficie d’un catalogue de jeux extrêmement populaires allant de World of Warcraft au jeu mobile Candy Crush. Pour autant, c’est la présence de la licence Call Of Duty dans celui-ci qui inquiète particulièrement la CMA. Elle explique qu’« un petit nombre de jeux clés joue un rôle important dans la concurrence entre les consoles ». Elle précise que « Microsoft trouverait un intérêt commercial à rendre les jeux d’Activision exclusifs à ses propres machines », rendant indisponible le célèbre jeu de guerre chez ses concurrents.

Une motivation niée par le principal intéressé qui annonçait, début décembre, la signature d’accord avec Nintendo et Valve pour proposer la licence Call Of Duty au plus grand nombre. Un engagement pour une durée minimale de dix ans une fois l’acquisition validée. Brad Smith, vice-président de Microsoft, affirmait alors « être heureux de conclure un accord de 10 ans pour la PlayStation si un jour Sony veut discuter ».

La FTC se réjouit de cette décision préliminaire

La CMA est la première autorité à se prononcer sur le rachat d’Activision Blizzard par Microsoft. Un verdict très attendu par les autres autorités de la concurrence. L’autorité antitrust américaine s’est lancée dans une course effrénée pour traiter l’affaire le plus rapidement possible. Après un échange avec son homologue de la Commission européenne, elle redoutait que cette dernière accepte l’opération contre quelques concessions. La déclaration provisoire de la CMA vient directement soulager l’antitrust américain.

Relayée par le Financial Times, Rima Alaily, avocate générale adjointe de Microsoft indique que l’entreprise s’était « engagée à offrir des solutions efficaces et faciles à appliquer pour répondre aux préoccupations de la CMA ». La décision finale de la Competition and Markets Authority est attendue pour le 26 avril prochain.