Après un essai concluant sur le ChiNext initié en 2020, la CSRC (China Securities Regulatory Commission) a présenté la semaine dernière un projet de loi destiné à modifier l’encadrement des introductions en bourse. L’objectif est de donner plus de pouvoirs aux marchés d’introduction, notamment Shenzhen, Shanghai, et Pékin. Une consultation publique court jusqu’au 16 février.

Jusqu’alors, la CSRC est en charge de l’étude des documents de demande de cotation, de même que du prix d’introduction. Beaucoup de pouvoir pour un seul régulateur, qui n’a pas échappé à la corruption. En 2018, le vice-président de la CSRC en personne a été condamné à 18 ans de prison pour corruption et délits d’initié.

Yao Gang aurait accepté près de 10 millions d’euros de pots-de-vin, et aurait gagné 300 000 euros grâce à ses investissements en bourse. Démis de ses fonctions en novembre 2015, le South China Morning Post relate qu’il était pourtant une figure de l’organe de régulation, surnommé ‘roi des introductions en bourse’ [‘King of IPO’ dans la source, ndlr]. Avec lui, d’autres hauts responsables ont été arrêtés, marquant une nouvelle fois les efforts de Xi Jinping pour endiguer la corruption dans le pays, ici dans le secteur de la finance.

Cette réforme doit justement apporter plus de transparence et de confiance dans les prochaines introductions et surtout « donner le droit de décision au marché » explique le CSRC dans un communiqué. Ainsi, dans ce nouveau système d’enregistrement, les bourses imposeront la divulgation de l’ensemble des données des entreprises. Une fois ces informations vérifiées, elles pourront recevoir le feu vert, avec un prix de mise sur les marchés plus juste. Auparavant, les cotations initiales étaient volontairement sous-évaluées afin d’amplifier la levée de fonds, avec un parfois des croissances folles des cours lors des premiers jours.

Au-delà d’un système plus juste, bien que libéral, il est surtout aligné sur le modèle américain. Les tensions entre les deux pays ont poussé les entreprises chinoises privilégier le marché local pour leur introduction. En donnant plus de pouvoir aux bourses, l’objectif à la clé pour le régime est limpide : attirer plus de capitaux étranger.