C’est un accord attendu avec fébrilité des deux côtés du Pacifique depuis plusieurs mois, voire années. Les États-Unis et la Chine seraient sur le point de s’accorder sur le contrôle des audits des entreprises du second, inscrits en bourse chez le premier. Derrière ce dossier technique, l’avenir des géants chinois de la Tech tel qu’Alibaba, JD.com ou Baidu se dessine, sur fond de rivalité sino-américaine.

Les entreprises chinoises et les bourses américaines affectées par les tensions entre les deux pays

En décembre 2021, la Securities Exchange Commission, le gendarme de la bourse aux États-Unis, estimait que 274 entreprises chinoises pourraient être exclues des marchés américains d’ici 2024. Ce risque est né du choc de mesures prises simultanément, ou presque, dans les deux pays.

En 2021 est entré en vigueur, côté États unis, le Holding Foreign Companies Accountable Act. Cette loi donne la possibilité d’exclure de la cotation les entreprises ne respectant les normes locales d’audit trois années de suite. De l’autre côté, l’Empire du Milieu a considérablement renforcé les devoirs de protections des données et informations professionnelles. Didi en a particulièrement fait les frais.

Pour Pékin, les informations sur le travail d’audit réclamé par les régulateurs américains pouvaient porter atteinte à sa sécurité nationale. Une telle position laissait craindre, à terme, un repli des entreprises chinoises au sein de l’Empire du Milieu. Alibaba a déjà commencé à préparer ses bagages, envisageant de transformer sa cotation secondaire à Hong Kong en cotation principale, au détriment de New York.

Les autorités chinoises ont finalement mis de l’eau de leur vin. Le pouvoir a fait savoir qu’il était favorable aux cotations de ses entreprises aux États-Unis, à condition de respecter ses lois. Selon le Wall Street Journal les négociations entre les deux régulateurs, la Commission de réglementation des valeurs mobilières et son équivalent américain, la Public Company Accounting Oversight Board (PCAOB), vont bon train.

La Chine et les États-Unis devraient toper d’ici fin 2022

Selon l’accord en préparation, les experts américains pourront avoir accès aux informations voulues, à condition de se rendre à Hong Kong. Une concession déjà approuvée par Erica Williams, la présidente du PCAOB. Elle a déclaré au Wall Street Journal « Nous avons des équipes parées, des valises faites et prêtes à partir si un accord est conclu, afin de tester cet accord et de s’assurer que ce qui figure dans l’accord sur papier fonctionne réellement dans la pratique ».

Le régulateur chinois a déjà réuni plusieurs entreprises, dont celles déjà citées, Alibaba, JD.com, Baidu, pour qu’elle prépare les personnes et informations inspectées à rejoindre Hong Kong. Le processus prendra encore du temps, même une fois l’accord trouvé, ce qui pourrait intervenir à l’automne de cette année.