Face aux sanctions américaines, Huawei se réinvente et cherche de nouvelles sources de revenus. À Tianjin, le géant chinois offre un aperçu de sa transformation en automatisant totalement le port de cette ville côtière chinoise.

Huawei se lance sur le marché des ports intelligents

À 60 kilomètres du centre-ville de Tianjin, une métropole côtière au sud-est de Pékin, sur la rive de la mer de Bohai, se trouve le plus grand port du nord de la Chine. C’est avec ce grand terminal portuaire que Huawei a décidé de collaborer pour montrer au monde entier ses prouesses technologiques. Le géant technologique chinois se réinvente et automatise le port. À Tianjin, il n’y a plus aucun docker au sol.

Le port est entièrement automatisé. Huawei et le port de Tianjin collaborent pour gérer un terminal intelligent qui automatise les opérations en utilisant des véhicules à conduite autonome, la 5G, et de nombreuses autres technologies. Le géant de la tech cherche de nouvelles sources de revenus suite aux sanctions américaines qui ont littéralement mis un terme à ses activités liées aux smartphones.

Ce terminal automatisé est entré en service en octobre 2021. Si aucun humain n’est autorisé dans la zone automatisée du terminal, c’est parce qu’il serait « le facteur le plus imprévisible pour les systèmes autonomes » selon Huawei. Toutefois, si jamais le système rencontre une situation qu’il ne peut pas gérer, un centre de contrôle géré par des humains prend le relais à distance.

Comme l’explique Yue Kun, responsable de la technologie au sein de la Smart Road, Waterway & Port Business Unit de Huawei, « le port de Tianjin nous a sollicité parce qu’il était très difficile de recruter des chauffeurs et des dockers ». Aujourd’hui, le terminal intelligent ne nécessite que 200 travailleurs, contre 800 pour un terminal traditionnel. Avec ce projet, Huawei cherche à exploiter le marché mondial des ports intelligents qui pourrait atteindre 11,15 milliards de dollars d’ici 2030.

L’automatisation devrait accélérer le débit de conteneurs du port. En effet, le système automatisé actuel peut traiter jusqu’à 36 conteneurs par heure, contre 28 à 30 conteneurs dans un terminal traditionnel. Il reste encore quelques défis technologiques pour optimiser totalement l’activité du port. Les véhicules automatisés peuvent se recharger eux-mêmes. Cependant, Huawei doit maîtriser la fréquence de chargement pour ne pas user trop vite les batteries.

Yue Kun précise que « si les véhicules autonomes se chargent le moins régulièrement possible, ils risquent d’être à court de batterie lorsqu’il sera nécessaire de transporter des marchandises. Nous devons encore déterminer l’approche la plus efficace à ce sujet et l’un de nos plus grands défis ». L’autre challenge pour Huawei est que « certains ports ne sont pas disposés à transformer les terminaux existants, car cela risque d’affecter les opérations ». L’idéal est donc de repartir de zéro en construisant un nouveau terminal.