Depuis 2016 la National Institute of Standards and Technology (NIST) organise aux États-Unis un concours pour concevoir un algorithme de chiffrement à résistance quantique. L’organisation devrait bientôt dévoiler les gagnants. En parallèle, la National Security Agency (NSA) annonce déjà posséder plusieurs algorithmes post-quantiques qu’elle a développés en interne. Une course effrénée pour se prémunir contre de futures attaques quantiques.

Les premiers algorithmes quantiques disponibles dès 2024 ?

L’informatique quantique est capable de résoudre des calculs insolubles par l’informatique actuelle. C’est une science encore en développement qui ne se démocratisera pas immédiatement, mais qui est largement anticipée. En 2016, la NIST a organisé un concours pour développer un système cryptographique à résistance quantique.

L’institut de recherche américain a dans un premier temps sélectionné 69 propositions d’algorithmes post-quantiques qui lui semblaient viables. En mai 2022, ils sont 7 finalistes et les gagnants devraient bientôt être annoncés. La NIST explique que choisir l’algorithme n’est que la première étape. Elle va devoir superviser le processus qui permettra à l’algorithme de répondre à des standards pour être rendu public.

Dans une interview donnée à Bloomberg, le directeur de la cybersécurité à la NSA, Rob Joyce, explique que l’agence a déjà classifié ses propres algorithmes à résistance quantique, qu’elle développe en interne depuis plusieurs années.

Une menace qui peut survenir « dans les cinq à cinquante prochaines années »

En 2013, des documents dévoilés par Edward Snowden avaient révélé les méthodes de la NSA pour déjouer les chiffrements. Cela avait rendu crédibles des accusations concernant l’ajout d’une porte dérobée dans l’algorithme de la NSA. Malgré la réputation de l’agence, Rob Joyce a insisté que le nouvel algorithme de chiffrement à résistance quantique « n’a pas de porte dérobée ». Cette prise de position fait suite à la signature d’un mémorandum le 4 mai par l’administration Biden pour inciter aux développements de systèmes cryptographiques qui résistent aux futures attaques liées à l’informatique quantique.

Les États-Unis veulent se prémunir d’une menace qui pourrait arriver « dans les cinq à cinquante prochaines années à partir d’aujourd’hui », a expliqué Rob Joyce. L’administration Biden s’inquiète surtout de trouver un moyen de protéger l’économie américaine. La finance serait, par exemple, une cible de choix pour les potentielles attaques quantiques. Au Royaume-Uni, des expérimentations dans ce domaine ont déjà lieu.

Sur le long terme, l’administration Biden a pour objectif de faire transitionner l’intégralité de l’économie américaine vers le chiffrement à résistance quantique à l’horizon 2035. La NSA s’inquiète aussi que les rivaux des États-Unis, principalement la Chine, aient pu voler et accumuler des données chiffrées dans l’attente de développer leurs propres algorithmes pour les exploiter.