Joe Biden a signé le 4 mai un mémorandum sur la sécurité nationale consacré à l’informatique quantique. Au-delà des aspirations américaines à dominer ce champ technologique plein de promesses, le texte reflète l’inquiétude des États-Unis à voir surgir un ordinateur capable de casser tous les systèmes cryptographiques actuels.

La vulnérabilité de la cryptographie américaine face aux perspectives de l’informatique quantique

Avec ce texte le président américain vise à « stimuler les innovations dans l’ensemble de l’économie américaine, de l’énergie à la médecine, grâce à des avancées en matière de calcul, de mise en réseau et de détection ». Il martèle que les États-Unis doivent conserver leur leadership dans « la science de l’informatique quantique » en promouvant les coopérations entre le secteur public, les entreprises privées et la recherche.

C’est toutefois la sécurité des systèmes informatiques américains qui occupe une place prépondérante du mémorandum. Dans un communiqué diffusé en parallèle, le directeur de la National Security Agency (NSA), Paul Nakasone, explique qu’un « ordinateur quantique pertinent sur le plan cryptographique pourrait mettre en péril les communications civiles et militaires, ainsi que les systèmes de surveillance et de contrôle des infrastructures critiques ».

Une perspective « pas si lointaine » à en croire « les recherches actuelles » selon les propos d’un haut fonctionnaire américain relayé par The Record. Les systèmes cryptographiques américains fonctionnent selon des principes établis à la fin des années 70 et constamment mis à jour depuis.

Les perspectives de l’informatique quantique pourraient remettre en cause l’efficacité de ces systèmes cryptographiques. Pour anticiper ce risque, prévu à l’horizon 2030 selon un rapport remis au Congrès américain et relayé par The Register, l’administration Biden prend un certain nombre de mesures.

Sous 90 jours à un an, le National Institute of Standards and Technology (NIST) doit publier de nouvelles normes cryptographiques pour préserver les systèmes américains de ce danger. Le NIST, la NSA, la Cybersecurity and Infrastructure Security Agency (CISA) auront chacun un certain nombre de missions pour mettre à niveau la cryptographie américaine.

Une course technologique internationale

Le même jour Joe Biden a signé un décret pour créer un Comité consultatif sur l’initiative quantique nationale. Composés de représentants de l’administration et de 26 experts venus de l’industrie, des universités et laboratoires fédéraux, il aura pour tâche d’informer le grand public et Washington, de fournir des analyses, conseillers, réfléchir aux applications du quantique.

Ce décret s’appuie sur la loi sur l’initiative quantique nationale de Donald Trump, de 2018. Un plan de 1,2 milliard de dollars (1,1 milliard d’euros) pour faire progresser les technologies quantiques aux États-Unis. Le pays de l’oncle Sam est engagé dans une course à la suprématie dans ce secteur stratégique avec la Chine. Les chercheurs de l’Empire du Milieu ne cessent de revendiquer de nouveaux progrès dans le secteur.

En France, Emmanuel Macron a affiché en 2021 l’ambition de faire de l’hexagone le troisième grand pays quantique aux côtés des géants américains et chinois. Le président de la République a mis en place une feuille de route sur les cinq prochaines années pour développer des technologies quantiques. 1,8 milliard d’euros ont été dédiés à ce projet. La course est lancée.