Depuis que Facebook s’est rebaptisé « Meta » afin de mettre en avant son entrée dans le métavers, l’entreprise traverse une passe délicate. Pour la première fois de son histoire, le réseau social perd des utilisateurs. Les résultats de son quatrième trimestre ne sont guère flamboyants et ses prévisions pour 2022 sont moroses.

Le chiffre d’affaires stagne, les bénéfices baissent, les abonnés de Facebook aussi

Pour le quatrième trimestre 2021, le groupe californien dévoile un chiffre d’affaires dans la fourchette haute de ses prévisions : 33,67 milliards de dollars. Néanmoins, il n’a dégagé que 10,3 milliards de dollars de bénéfice net, soit 8 % de moins que le résultat de l’année passée. Problème, du moins pour les actionnaires, le métavers rêvé par Mark Zuckerberg, fondateur et PDG de Meta, a coûté 10 milliards de dollars à son entreprise, mais n’a généré que 2,3 milliards de dollars de chiffre d’affaires.

Au 31 décembre 2021, 2,8 milliards de personnes fréquentaient l’un des quatre services de la marque (Facebook, Instagram, Messenger et WhatsApp) au moins une fois par jour et 3,6 milliards au moins une fois par mois. Ces chiffres sont en légèrement augmentation sur un an, mais sont quasi équivalents par rapport au troisième trimestre 2021. Un résultat en soi plutôt décevant qui s’est accompagné d’un facteur aggravant : Facebook a perdu environ 1 million d’utilisateurs quotidiens actifs en trois mois, portant le total à 1,929 milliard d’utilisateurs fin décembre 2021.

Avec toutes ces annonces et le contexte économique, un peu moins favorable aux géants technologiques, Meta a vu son action s’effondrer d’environ un quart, ce qui correspond à 210 milliards de dollars.

Comment expliquer le quatrième trimestre 2021 décevant de Meta ?

Meta explique ces chiffres insatisfaisants par sa difficulté à retenir l’attention de ses utilisateurs, son cœur de métier, avec la forte concurrence sur le terrain des réseaux sociaux. L’entreprise fait notamment référence au format de vidéo « Reels » présent sur Instagram, directement inspiré des vidéos disponibles sur l’application TikTok.

Ces vidéos génèrent des taux de rémunérations moins élevés que les formats classiques originellement utilisés sur Instagram ou Facebook. « Les gens ont beaucoup de choix sur la façon dont ils veulent passer leur temps. Et des applis comme TikTok grandissent très vite », constate Mark Zuckerberg.

Reels d'Instagram

En proposant les Reels, Instagram s’est inspiré de l’application TikTok, très en vogue. Néanmoins, les techniques publicitaires exploitables avec ce format de vidéo génèrent moins d’argent que les autres techniques utilisées par le réseau social. Capture d’écran : Instagram.

Les règles imposées par Apple en matière de ciblage publicitaire viennent se surajouter à ce contexte de concurrence exacerbé. Elles ont très directement des conséquences négatives sur les résultats de Meta, c’est du moins ce que considère la firme. L’entreprise dirigée par Tim Cook exige des éditeurs d’applications qu’ils demandent la permission de collecter des données, au grand regret de sociétés comme Meta dont le modèle économique repose sur la vente de publicités personnalisées en fonction des goûts des consommateurs. L’entreprise s’est dite prête à contrer ces nouvelles règles dans les mois à venir.

Pour finir, la construction du métavers coûte énormément. Pour l’instant, l’entreprise investit plusieurs milliards de dollars dans sa branche Facebook Reality Labs, sans en tirer de bénéfices immédiats. Meta dit voir à long terme, « l’ère du métavers ». Celui où l’entreprise rêve de s’imposer lorsqu’il existera de façon aboutie, d’ici cinq à dix ans estime-t-elle. Les actionnaires seront-ils aussi patients si les indicateurs de Meta ne s’améliorent pas rapidement ? Le groupe reste l’une des plus puissantes du monde, mais il est prévenu.