« La voix unifiée de l’économie Internet », le surnom parfois donné à l’Internet Association, s’est tue. Le 15 décembre son Conseil d’Administration a entériné la dissolution de l’organisation de lobbying réputée la plus puissante de la Tech à Washington après presque 10 ans d’existence. Cette décision est liée aux dissensions de plus en plus grandes à la fois entre les petits membres de l’association et les GAFAM et entre eux.

La Tech Américaine dispersée face aux menaces de régulations

Les législateurs du Congrès des deux camps, la Federal Trade Commission de Lina Khan et autres régulateurs, auront réussi la performance de réduire indirectement au silence le plus important groupe de lobbying de la Tech Américaine. Les assauts antitrust contre les GAFA ont eu tendance à les fracturer plutôt qu’à les inciter à faire front commun.

L’Internet Association a décidé rapidement de ne pas s’impliquer dans les questions de concurrences. Parmi ses membres se retrouvent des acteurs moins importants que les GAFAM. Beaucoup sont favorables à une régulation plus ferme des géants du net.

Lors de l’annonce de la dissolution de l’association, Luther Lowe, responsable des politiques publiques des Yelp, a tweeté, « Cette org aurait pu se sauver il y a des années en mettant à la porte tous ceux dont la capitalisation boursière est supérieure à 500 milliards de dollars ». Yelp a quitté l’Internet Association en 2019.

L’Internet Association achevée par les guerres intestines des GAFAM

D’après les informations de Politico, Amazon et Google, au cœur des procédures antitrust aux États-Unis, ont exprimé leur frustration devant la timidité du lobbying du groupe sur ces questions. Ils ont envisagé de réduire leurs subventions, calculées selon la taille de l’entreprise, en juillet.

Une menace pour l’équilibre financier de l’Internet Association, amplifiée avec le départ d’Uber et surtout de Microsoft, en novembre, annoncé par Axios. L’entreprise donnait entre 800 000 et 1 million de dollars par an à l’organisation.

Microsoft est parti car se trouve de l’autre côté du ring. L’entreprise a senti le vent du démantèlement souffler fort sur ses activités au début des années 2000. Depuis, le M des GAFAM vante sa proximité avec les autorités et cherche à se différencier des entreprises de la Silicon Valley.

Satya Nadella, PDG de la société, n’a pas été convoqué par le Congrès américain en juillet 2020 contrairement à Jeff Bezos, Mark Zuckerberg, Tim Cook ou Sundar Pichai. Aucune procédure de la FTC ne vise Richmond.

Dans un mémo interne daté de juin et signé Brad Smith, président de Microsoft, transmis au Financial Times, il est écrit « en tant qu’entreprise, nous continuerons à nous concentrer sur l’adaptation à la réglementation plutôt que sur la lutte contre celle-ci ».

Amazon et Andy Jassy, son PDG, ont exprimé leur mécontentement de ce qui est perçu comme un traitement de faveur. Un porte-parole de l’entreprise a estimé que Microsoft « devait être examiné comme n’importe quelle autre entreprise ».

Amazon et Google n’ont pas hésité à s’en prendre à Microsoft sur d’autres fronts. L’association Cloud Infrastructure Services Providers en Europe, a réclamé que le DMA couvre les fournisseurs de logiciel. Une attaque contre Microsoft téléguidée par le champion de l’e-commerce. En septembre, la Computer & Communications Industry Association a publié une étude montrant que 85% des logiciels professionnels des agences gouvernementales américaines provenaient de Microsoft. L’étude a été commandée par Google.

Les tensions exacerbées entre les GAFAM et les difficultés financières exacerbées par celle-ci ont condamné l’Internet Association. Son conseil d’administration a expliqué dans son communiqué que « les entreprises membres restent déterminées à faire progresser les politiques publiques à l’appui de cette mission et continueront à travailler avec les parties prenantes à d’autres titres ». Oui, mais désormais chacune de leur côté.