Dimanche 6 décembre 2020, le Wall Street Journal a mis la main sur des documents annonçant la suppression de nombreuses extensions Chrome du groupe IAC. Google invoque la violation des règles relatives aux extensions.

Google n’est généralement pas habitué à braquer le projecteur sur un mauvais acteur en particulier. D’ordinaire, les suppressions d’extensions sont annoncées par lots. Mais d’ordinaire, la firme de Mountain View n’a pas affaire à une telle entreprise, puisqu’il s’agit ici du groupe InterActive Corp (IAC). Il est à la tête d’un conglomérat de sociétés comme Vimeo, Tinder, Hotwire. Il a également investit dans des grands noms tels que TripAdvisor, Zomato, o encore Expedia.

« Nous continuons à avoir des conversations avec IAC sur les politiques de Chrome Web Store et nous avons déjà supprimé un certain nombre de leurs extensions pour violation de nos politiques, » annonce un porte-parole de Google. Si l’entreprise n’a toujours « pas pris de décision sur le statut d’IAC sur le store », les conséquences pourraient être lourdes pour le conglomérat.

Google lui reproche d’user de pratiques trompeuses, avec des extensions qui ne tiennent pas leurs promesses. Pire, elles auraient pour effet d’ajouter plus de publicités à l’expérience de navigation de l’utilisateur. D’autre part, certaines modifieraient les réglages par défaut de l’utilisateur, pour lui installer un autre moteur de recherche. « Le modèle commercial d’IAC semble reposer presque exclusivement sur des installations involontaires, » peut-on lire dans l’audit des équipes de Chrome. Des pratiques évidemment incompatibles avec les règles de la firme qui a recommandé « la suppression et la désactivation immédiates » des extensions concernées. Dans les documents que le WSJ a pu lire, on apprend que d’autres extensions avaient déjà été supprimées plus tôt cette année.

Si les violations des règles relatives aux extensions sont multiples et manifestes, Google se retrouve dans une situation complexe pour plusieurs raisons. La première, c’est qu’IAC est un partenaire de longue date du géant. Le conglomérat représente une rentrée d’argent de plusieurs centaines de millions de dollars. La seconde concerne les affaires juridiques de Google en ce moment tournées vers un procès antitrust. On pourrait lui reprocher d’user de pratiques anticoncurrentielles, ce qui ne lui ferait pas bonne presse.

« Google nous a pris des centaines de millions de dollars pour faire de la publicité et distribuer ces produits dans le Chrome Store. Il n’y a rien de nouveau ici – Google a utilisé sa position pour réduire notre activité de navigateur au dernier petit coin d’internet, qu’il cherche maintenant à étouffer, » vise Valerie Combs, porte-parole d’IAC.

Des arguments qui vont devoir être confrontés aux faits, dans les audits de Google. Quoi qu’il en soit, de telles pratiques nous ramènent à un web des années 2000 où la moindre extension transformait notre réglages en nous imposant des moteurs de recherche divers et variés. On comprend mieux pourquoi Google Chrome continue de durcir les règles encadrant la publication d’extensions.