C’est officiel. La police de Londres va équiper les rues de la ville avec de la reconnaissance faciale en direct. Son objectif sera d’identifier les personnes suspectes en s’appuyant sur une liste de surveillance préalablement établie. Une nouvelle qui est accueillie avec beaucoup d’appréhension par les habitants de la ville, mais aussi par les associations qui luttent pour le respect des libertés individuelles.

La ville de Londres placée sous haute surveillance

Après des tests concluants effectués dans le centre commercial de Westfield et dans le quartier de West End, la police anglaise est maintenant en mesure de déployer la reconnaissance faciale en direct (Live Facial Recognition ou LFR) dans les rues de Londres. Les caméras seront placées dans des lieux stratégiques, notamment dans ceux qui sont fréquentés par les touristes. La BBC indique que chaque caméra scannera les visages des passants afin d’identifier les individus « recherchés pour des délits graves et violents » qui sont catalogués dans une liste de surveillance préalablement établie.

Son fonctionnement est simple : lorsque la reconnaissance faciale en direct repère un individu, une alerte est envoyée aux policiers. Ils doivent alors se rapprocher du suspect afin de procéder à un contrôle d’identité. Si la personne scannée est bien sur la liste de surveillance, alors elle sera arrêtée par les forces de l’ordre. La police affirme que cette technologie est fiable à 70% et qu’elle ne génère qu’une fausse alerte sur 1 000. Quant aux images des personnes scannées qui ne sont pas sur la liste de surveillance, la police tente de rassurer en affirmant que celles-ci ne sont pas conservées. La police informe également que la présence des caméras LFR sera signalée, tandis que des agents de police seront présents sur place afin de distribuer des brochures informatives et répondre aux questions des habitants quant au fonctionnement de ces dispositifs.

Pour Nick Ephgrave, commissaire adjoint de la police de Londres, la reconnaissance facile en direct est nécessaire pour protéger les habitants : « En tant que force de police moderne, je crois que nous avons le devoir d’utiliser les nouvelles technologies pour assurer la sécurité des personnes étant à Londres. Chaque jour, nos policiers sont informés des suspects qu’ils doivent rechercher ; la reconnaissance facile améliore et facilite l’efficacité de cette stratégie ».

Un dispositif qui inquiète

Tandis que les forces de police de Londres semblent convaincues par l’efficacité d’un tel dispositif, les associations qui défendent les libertés individuelles s’inquiètent. Silkie Carlo, directeur de l’organisation britannique Big Brother Watch, a ainsi déclaré : « Cette décision représente une expansion énorme de l’État de surveillance et représente une sérieuse menace pour les libertés civiles au Royaume-Uni. C’est une attaque contre nos droits et nous allons la contester en envisageant les prochaines étapes de notre action en justice contre le Metropolitan Police Service et le ministre de l’Intérieur. Cette décision entache le bilan du nouveau gouvernement en matière de droits de l’Homme et nous demandons à ce qu’elle soit immédiatement reconsidérée ».

Toutefois, les associations ne sont pas les seules à craindre les effets néfastes que pourrait avoir un tel dispositif. En effet, le PDG d’Alphabet, la maison-mère de Google, a récemment réaffirmé sa position quant à l’utilisation et la vente d’outils pouvant servir à la surveillance de masse. Pour lui, les entreprises qui les développent doivent se responsabiliser et se refuser à vendre de telles technologies.

À l’heure actuelle, Londres compte un total de 420 000 caméras qui sont éparpillées dans divers lieux, tels que des supermarchés, des écoles, ou des entrées d’immeuble. Elle est ainsi la seconde ville la plus surveillée au monde, juste derrière Pékin qui a installé 470 000 caméras.