La Chine pourrait bientôt se doter d’un cadre législatif plus contraignant concernant le recours aux technologies de reconnaissance faciale sur son territoire. C’est ce que l’on apprend de Reuters. L’agence de presse britannique rapporte que les régulateurs chinois de la CAC (Cyberspace Administration of China) ont publié, ce mardi, la première ébauche d’un projet de loi visant à superviser l’utilisation de la reconnaissance faciale dans le pays. Ce projet intervient alors que de nombreuses voix se font entendre quant à l’utilisation abusive de cette technologie, notamment par les entreprises chinoises.

Dans le détail, la CAC souhaite que la reconnaissance faciale ne soit utilisée que pour traiter des données dans un but spécifique, en cas de nécessité suffisante, et avec des mesures de protection strictes. Plus ambitieux peut-être, en cas d’adoption de ce projet de loi, l’utilisation de cet ensemble de technologies ne pourrait se faire qu’au travers d’un consentement individuel. La CAC préconise en outre de favoriser à l’avenir les moyens d’identification non-biométriques lorsque ces méthodes offrent un niveau d’efficacité équivalent.

Reconnaissance faciale : la Chine déjà très accro

Les régulateurs chinois souhaitent également interdire l’utilisation des dispositifs d’identification biométriques dans les chambres d’hôtel, les piscines, les vestiaires, ou encore les toilettes publiques. En clair les endroits où la reconnaissance faciale porterait trop atteinte à la vie privée des usagers… voire à leur intimité. Une mesure qui n’a rien d’un hasard. En 2020, les médias chinois rapportaient en effet l’utilisation de dispositifs de ces technologies pour activer les distributeurs de papier hygiénique dans certaines toilettes publiques. Depuis, de nombreux tribunaux chinois ont sévi contre ces pratiques, certaines entreprises ont été condamnées à des amendes.

Les régulateurs de la CAC réclament pour le reste la mise en place de signalisations plus claires dans l’espace public. Ils estiment par ailleurs cette technologie ne devrait, à terme, être utilisée qu’à des fins de sécurité publique. Une notion dont la Chine a une définition toutefois extensive.

Notons enfin que le projet de loi porté par la CAC s’inscrit dans le cadre des efforts déployés par Pékin pour améliorer la réglementation concernant l’usage des données biométriques et personnelles. En 2021, une première loi allant dans ce sens a d’ailleurs été adoptée. Cette dernière était principalement axée sur la protection de la vie privée des utilisateurs. L’idée ? Envoyer un signal de fermeté aux grandes entreprises chinoises, jugées trop gourmandes en la matière.