Étant très avancées en ce qui concerne les technologies de reconnaissance faciale, les entreprises chinoises aimeraient pouvoir contribuer à la définition de normes mondiales en la matière. En sachant comment la Chine utilise cette technologie, les défenseurs des droits de l’Homme sont très inquiets des conséquences potentielles.

L’utilisation de cette technologie doit être délimitée

Un récent rapport du Financial Times laisse penser que les grands groupes chinois ont une influence particulièrement importante en ce qui concerne la reconnaissance faciale. Cette technologie est en train de se démocratiser et de plus en plus de pays décident de l’adopter. Certains ont par exemple peur que la reconnaissance faciale ne soit utilisée pour espionner les citoyens d’un pays. Les grandes entreprises technologiques chinoises comme ZTE, Dahua et China Telecom ont d’ores et déjà soumis des normes pour façonner une reconnaissance faciale « standard » à l’Union internationale des télécommunications (UIT).

La CNIL ouvrait récemment le débat sur l’utilisation de la reconnaissance faciale en France. Il y a clairement une nécessité de délimiter l’utilisation de cette technologie. Dans un rapport rendu le 15 novembre 2019, la CNIL rappelle les grands principes de la reconnaissance faciale, qui prêtent souvent à confusion, et définit les enjeux à prendre en compte par les pouvoirs publics, et politiques, dans la mise en place d’un cadre législatif et réglementaire. Le caractère probabiliste de la reconnaissance faciale, en fait un système qui n’est pas sûr à 100%, et qui ne doit pas être considéré comme « infaillible ».

La Chine veut instaurer ses propres normes

Pour les défenseurs des droits de l’Homme, les recommandations effectuées ne sont pas d’ordre techniques mais bien politiques. Certains cas d’utilisation sont décrits, d’autres conseils suggèrent que la reconnaissance faciale doit être utilisée par la police pour faire baisser les taux de criminalité. Plus inquiétant encore, on peut également lire que les groupes chinois estiment que cette technologie doit faire son entrée dans les entreprises pour permettre aux patrons de surveiller le travail de leurs employés.

Même si ces normes peuvent nous sembler lointaines, de nombreux pays en développement risquent bel et bien de les adopter. En Amérique du Sud, en Asie ou en Afrique, la Chine pourrait avoir une main mise sur le marché de la reconnaissance faciale, grâce à ces nouvelles norme imposées. Une norme sur des lampadaires intelligents a par exemple été acceptée dans le cadre du règlement de l’Union internationale des télécommunications. Bizarrement, l’entreprise chinoise ZTE développe déjà de tels lampadaires dans ses usines…

Quand on sait que la Chine utilise les nouvelles technologies pour effectuer des répressions ethniques, il semblerait sage de ne pas écouter ses recommandations en matière d’utilisation. Un récent rapport a été publié par The New York Times sur les pratiques du gouvernement chinois. On peut y lire des directives pour surveiller et interner massivement les Ouïgours et d’autres populations musulmanes. Cette persécution a entre autres été rendue possible grâce à la technologie permettant la surveillance de masse, qui, lorsqu’elle est ainsi utilisée, atteint des sommets dictatoriaux.