Une étude faite par un un cabinet de conseil spécialisé en Management de l’innovation In Extenso, relate les chiffres des levées de fonds pour les startups en 2019. L’étude permet entre autres de comparer les chiffres européens et français, montrant qu’il y a eu une nette augmentation des investissements cette année.

Les levées de fonds en Europe

Les startups européennes « maintiennent le cas d’un investissement en capital-risque record 2019 » rapporte Patricia Braun, partenaire du cabinet de conseil In Extenso.
Il convient simplement de rappeler les principes de méthodologie indiqués par le cabinet avant de présenter leurs chiffres : L’étude faite en partenariat avec l’École Universitaire de recherche ELMI de l’Université d’Azur présente des « données extraites de la base de données Dealroom, et exclut les données relatives à la subvention des fonds, la croissance économique, tandis que les tickets moyens sont calculés sur la base des deals dont le montant levé est connu ».

Le rapport montre que 22,3 milliards d’euros ont été levés, majoritairement dans les secteurs de la santé, la FoodTech, et la FinTech. Les montants levés sont en progression de 51 % et les tickets d’investissement ont augmentés de 99 % (soit 10,7 millions d’euros).

Arrivent en tête les sociétés Deliveroo avec 523 millions d’euros levés, UiPath avec 516 millions d’euros et FlixBus avec 500 millions d’euros.

Les levées de fonds en France

L’analyse présentée indique que la France suit la même tendance que l’Europe en levant 3,8 milliards d’euros durant ces trois derniers trimestres de 2019. Pour Patricia Braun ce nouveau record est la preuve que « l’écosystème se renforce depuis quelques années et les acteurs se professionnalisent ».

Selon le baromètre utilisé, les tickets moyens d’investissement ont augmenté de 66 % au niveau national, soit 9,3 millions d’euros tandis que les opérations on reculé de 13 %. Ces tendances témoignent non seulement d’une « vision solide de l’innovation en France », mais laisse penser que les 5 milliards d’euros d’investissement pourraient être atteints d’ici la fin de 2019, précise Patricia Braun, s’adressant à L’Usine digitale. De quoi laisser présager un « regain prometteur » pour l’écosystème français.

Étude des levées de fonds 2019 pour les start-ups

Crédit : In Extenso / Baromètre des levées de fonds IEIC EUR ELMI – T1-T3 2019

Parmi les secteurs d’investissement on retrouve les mêmes qu’en Europe. Cependant parmi le top 3 des levées de fonds des startups en France on retrouve Meero, surnommé le « Uber de la photographie » avec 209 millions d’euros levés, Doctolib avec 150 millions d’euros levés, et Wifirst, fournisseur d’accès à internet principalement pour les services étudiants, hospitaliers ou touristiques. Cette startups accompagné par le groupe Bolloré jusqu’en septembre dernier, et dont la participation a été cédée depuis à Amundi, Bpifrance et et Socadif Capital aura ainsi levé 110 millions d’euros, suite à l’acquisition de nouveaux actionnaires.

Les actions publiques ont beaucoup misé depuis quelques années sur la croissance des startups. La France est en effet réputée pour en générer beaucoup. A récemment été lancé par l »État le programme Next 40, pour soutenir financièrement les startups grandissantes et favoriser leur passage en bourse. On retrouve parmi elles notamment Meero et Doctolib. Cette initiative corrobore avec le souhait du gouvernement en France, souhaitant favoriser le déploiement des licornes d’ici 2025.

Des chiffres positifs, mais un léger manque de perspective

Si ce bilan se montre positif comparativement aux années précédentes, certains se montrent un peu plus précautionneux concernant l’avenir offert par les startups. D’abord parce que beaucoup d’entre elles favorisent le secteur de l’uberisation, pas toujours garants de certains aspects sociaux vis à vis des employés, ou des travailleurs indépendants. Ensuite, parce que nombreuses sont celles, en dépit des levées de fonds évoquées, qui peinent à se déployer correctement dans le temps face aux difficultés provoquées par une croissance trop rapide. Le développement à l’international est un cap par exemple, et celui-ci est loin d’être évident. D’autre part il convient de prêter attention à l’aspect qualitatif des secteurs numériques dans lesquelles progressent les startups.

C’est ainsi qu’après l’édition 2019 du CES de las Vegas, Le Journal du Net loin d’être tendre avec les inventions qualifiées de « gadgets qui auraient davantage leur place au concours Lépine », insistait également sur la nécessité de créer des « produits pensés pour les besoins du marché ». Pour Nicolas Menet, directeur général de l’écosystème du « mieux vieillir », dès lors qu’il y a de « l’argent public en jeu, les pouvoirs publics doivent choisir des priorités vers lesquelles flécher moyens et accompagnement ». Et de prendre pour exemple l’économie circulaire, et le secteur de la transition écologique qui répondraient à un réel besoin et pourrait créer de l’emploi sur le long terme. Or les critères pour faire rentrer les startups dans le programme Next 40 (soutenu par l’État) tiennent compte uniquement des aspects financiers, soit « d’une valorisation de son chiffre d’affaires d’un milliard d’euros » d’une « levée de fonds des plus importantes durant ces 3 dernières années, ou bien d’une croissance de 30 % par an lors des trois exercices précédents ». Affaire à suivre…