L’éditeur de gènes CRISPR semble intéresser de près les chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT). En effet, une équipe de scientifiques aurait utilisé CRISPR pour modifier génétiquement des polymères. Grâce à cela, ils sont convaincus que les substances médicamenteuses pourraient être plus efficaces, et changer de forme par la même occasion.

« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme »

On se demande vraiment ce que CRISPR ne sait pas faire aujourd’hui. Souvenez-vous, nous avions largement entendu parler de la méthode CRISPR au moment où le chercheur chinois He Jiankui avait démarré un processus d’amélioration des embryons. En décembre dernier, une équipe de scientifiques du Southern University of Science and Technology de Shenzhen avait pour objectif d’éliminer le gène CCR5 de futurs nouveaux-nés.

Les chercheurs du MIT ont découvert que l’éditeur de gènes CRISPR pouvait avoir des propriétés surprenantes. Concrètement, les nouvelles pistes explorées semblent montrer que CRISPR permet la modification des propriétés de matériaux appelés polymères. D’un point de vue chimique, les polymères sont des macromolécules : des molécules constituées de la répétition de nombreuses sous-unités d’atomes ou de groupes d’atomes. Cela signifierait que les polymères pourraient être plus efficaces et adopter une autre forme.

De plus, CRISPR pourrait couper dans l’ADN à l’aide d’une enzyme (protéine dotée de propriétés catalytiques). Il se trouve que toutes les biomolécules capables de catalyser des réactions chimiques dans les cellules sont des enzymes. Dans ce cas précis, les scientifiques se sont intéressés à l’enzyme Cas12a. C’est cette dernière qui a été utilisée pour réaliser la coupe. Quand l’enzyme va couper dans l’ADN, son action doit permettre la création ou la surpression de nouvelles séquences génétiques. Comme le disait le chimiste Antoine Lavoisier : « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». C’est précisément ce qu’il se passe avec cette nouvelle technique : les matériaux composés d’hydrogels peuvent changer de forme.

CRISPR : l’avenir des traitements contre le cancer ?

Les chercheurs du MIT sont persuadés que cette nouvelle approche pourrait révolutionner les traitements du cancer par exemple. En changeant la forme des médicaments, des remèdes anticancéreux ou antibiotiques pourraient être administrés plus facilement dans l’organisme.

D’après James Collins, professeur au Département de génie chimique et biologique au MIT et co-auteur des recherches : « cette étude est un bon point de départ pour montrer comment CRISPR peut être utilisé en science des matériaux pour une large gamme d’applications ».

L’avenir des éditeurs de gènes est prometteur. Récemment, une équipe de scientifiques du Salk Institute for Biological Studies dévoilait une nouvelle approche. Dénommé SATI, pour Single homology Arm donor mediated intro-Targeting Integration cette technique s’appuie sur HITI, une variante de CRISPR.