L’autorité de protection des données irlandaise est inquiète et demande une réunion d’information urgente avec Facebook, comme le rapporte The Verge. La raison ? L’annonce il y a quelques jours d’une possible messagerie croisée entre les différentes applications appartenant à Facebook.

Alors que nous soulevions des problèmes de pouvoir et de sécurité des données, ces inquiétudes se confirment du côté européen. La Commission irlandaise souhaite un « briefing urgent sur ce qui est proposé » de la part de Facebook. Elle ajoute « la Data Protection Commission irlandaise examinera de très près les projets de Facebook, notamment dans la mesure où ils impliquent le partage et la fusion de données à caractère personnel entre différentes sociétés de Facebook. »
Alors que le projet est encore en cours de développement et que Facebook n’a pas officialisé son ambition, l’Europe veut être rassurée. En effet, en mai 2018 le RGPD est entré en vigueur dans l’ensemble de l’Union Européenne. Toutes les entreprises ont dû s’y conformer. Celles ne l’ayant pas fait, commencent à voir les conséquences, comme Google qui s’est vue infliger une amende de 50 millions d’euros par la CNIL.

Une nouvelle tentative

Pour rappel, en décembre 2017, la CNIL avait mis en demeure l’application WhatsApp. Suite au rachat par Facebook, l’application aurait partagé « sans en avoir le droit » des données à Facebook. Les utilisateurs n’auraient en effet pas donné le consentement pour cette transmission de données. WhatsApp était ainsi accusé de ne pas « avoir une base légale pour les traitements mis en oeuvre. »

Facebook a les pleins pouvoirs

Le fait que la commission irlandaise et autres organismes ou personnalités s’inquiètent de la fusion des messageries est important, mais n’est-il pas trop tard pour le faire ? Alors que Facebook a acquis Instagram, puis WhatsApp, la société promettait une autonomie totale. Quelques années plus tard, on comprend assez rapidement que Facebook et donc Mark Zuckerberg ont les pleins pouvoirs. Les fondateurs des deux sociétés ont quitté le navire, après de nombreux désaccords avec la politique de la société. De son côté le PDG d’Apple, Tim Cook a de nombreuses fois attaqué Facebook en expliquant que la collecte de données réalisée par le réseau social « ne devrait pas exister ».

Imaginez un instant que ces acquisitions n’aient pas eu lieu, Facebook (la société) aurait-elle aussi bien réussi ? Instagram est « la vache à lait » de l’entreprise. Les possibilités y sont nombreuses et les marques sont de plus en plus présentes sur ce dernier. S’il n’y avait pas eu d’acquisitions, « cela aurait favorisé une concurrence réelle qui aurait favorisé la protection de la vie privée et profité aux consommateurs » rapporte Ro Khanna, un célèbre avocat de la Silicon Valley. De plus, avec les différents scandales comme Cambridge Analytica, Facebook en tant qu’entité seule, aurait beaucoup plus souffert.

Enfin, sur les trois applications : Instagram, Messenger et WhatsApp, WhatsApp est pour le moment la seule à proposer une messagerie cryptée de bout en bout. Un avantage important pour l’application qui via la fusion pourrait être affaiblie même si l’ensemble des applications devraient bénéficier du cryptage.

Pour le moment rien n’est officiel, mais l’annonce du New-York Times, vendredi dernier de ce projet colossal n’a pas fini de faire parler et de susciter le débat !