Revolut envisage de commercialiser les données de ses clients auprès de partenaires publicitaires, révèle son responsable de la croissance, Antoine Le Nel, dans une interview accordée au Financial Times. La néobanque est à la recherche de leviers pour diversifier ses revenus.

Démarches déjà entamées

Selon le dirigeant, Revolut pourrait tirer une « bonne partie » de ses revenus totaux de la publicité ciblée dans un avenir proche. La plateforme s’imagine en « média » où « vous avez une audience et des données sur celle-ci, et où vous les monétisez », poursuit-il.

La fintech britannique a d’ores et déjà entamé ses démarches pour déployer cette stratégie. Elle a par exemple embauché Inam Mahmood, ancien responsable des partenariats de commerce électronique chez TikTok UK, pour diriger une équipe de vente d’environ trente personnes. « Nous savons comment les utilisateurs naviguent dans l’application, nous connaissons certains de leurs centres d’intérêt parce qu’ils ont cliqué sur telle ou telle chose », précise Antoine Le Nel.

Annonceurs et distributeurs ont déjà manifesté leur intérêt pour un partenariat avec Revolut, assure le cadre. Des tests internes pour la publicité ciblée, ainsi que des pourparlers pour vendre de l’espace publicitaire sur l’application sont également en cours.

Ce changement de cap intervient dans un contexte d’incertitude pour les fintechs, les investisseurs se montrant bien plus précautionneux au regard de la situation économique mondiale. Selon le Financial Times, Revolut s’est fixé pour objectif de générer près de 347 millions d’euros de revenus issus de la publicité à l’horizon 2026.

Toujours pas de licence bancaire au Royaume-Uni

En misant sur les annonces, la start-up espère convaincre les investisseurs de ses capacités à atteindre une rentabilité durable. Elle a subi une perte de 29 millions d’euros sur l’année 2022, après avoir vu ses bénéfices augmenter en 2021.

Cette même année, Revolut bouclait un tour de table à 800 millions de dollars, la valorisant à 33 milliards de dollars. Le vent a depuis tourné. Les investisseurs ont ajusté leurs évaluations internes de la start-up, Schroders la situant autour des 26 milliards de dollars à la fin décembre 2023.

La néobanque est toujours en attente d’une licence bancaire au Royaume-Uni, trois ans après avoir réalisé sa demande. Cette étape est cruciale pour ses ambitions d’expansion. Pendant ce temps, elle ambitionne de s’insérer dans « la routine quotidienne » de ses utilisateurs. « Vous allez sur votre Instagram, vous lisez vos e-mails et vous vous rendez sur Revolut », projette Antoine Le Nel.