Selon les informations de Challenge, l’entreprise française spécialisée dans l’intelligence artificielle Datakalab a été rachetée par Apple. La transaction, qui a fait l’objet d’une notification à la Commission européenne, a été réalisée dans la plus grande discrétion, en décembre dernier. Apple a acquis toutes les parts de la société, pour un montant encore inconnu.

Créé en 2017, Datakalab proposait à l’origine une solution d’analyse des émotions faciales à des fins publicitaires, puis s’est rapidement diversifié vers l’analyse vidéo et l’IA, principalement dans le cadre de développement de projets de « smart city ». Lorsque le RGPD est entré en application, en 2018, Datakalab a dû modifier sa manière de travailler, notamment sur le stockage de données.

La société a alors opté pour un traitement en edge computing, c’est-à-dire en périphérie du réseau, près de la source des données. Pour ce faire, elle a dû développer des modèles de compression des réseaux neuronaux d’analyse vidéo. Quelques années plus tard, en 2022, les activités de Datakalab ont pris un tournant significatif vers la compression des données. « Avec la compression, on peut passer d’un semi-processeur Nvidia à 10 000 euros à une puce STMicroelectronics à quelques centimes », indique un proche de l’entreprise.

La technologie fait penser à la prouesse du Huawei Mate 60, un smartphone haut de gamme qui tourne avec des puces d’ancienne génération de 7 nm. Les derniers produits Apple sont dotés de semi-conducteurs de 3 nm. Alors que le carnet de Nvidia est plein jusqu’en 2025, et que la relocalisation de la production de semi-conducteurs aux États-Unis est encore à ses prémisses, la compression des données pourrait s’avérer très intéressante.

Datakalab membre du lobby de la vidéosurveillance algorithmique

Datakalab s’est particulièrement fait remarquer pendant la période Covid, avec son application de détection du port du masque. Celle-ci a été utilisée par la RATP, la ville de Cannes ou encore des salles de concerts. Le logiciel de lecture des émotions faciales est également utilisé par l’institut de mesure Médiamétrie, qui l’expérimente au cinéma pour mesurer les émotions des spectateurs.

La Quadrature du Net, note l’entreprise parmi les membres du lobby de la vidéosurveillance algorithmique, notamment aux côtés de Thales, Safran et IBM. Cette technologie, pointée par l’association de défense des droits et libertés sur Internet pour entraîner un « changement d’échelle sans précédent dans les capacités de surveillance et de répression de l’État et de sa police », a été adoptée dans le cadre de la loi relative aux Jeux Olympique.