Elle est qualifiée d’historique, la résolution de l’Organisation des Nations unies (ONU) pour une intelligence artificielle (IA) « sûrs, sécurisés et dignes de confiance » a été adoptée à l’unanimité ce jeudi 21 mars. Les États-Unis à l’origine de la proposition ont su négocier avec leurs rivaux géopolitiques les plus hostiles.

l’ONU est unanime et positive

« Aujourd’hui, les 193 membres de l’Assemblée générale des Nations Unies ont parlé d’une seule voix et ont choisi ensemble de gouverner l’intelligence artificielle plutôt que de la laisser nous gouverner » s’est félicitée Linda Thomas-Greenfield, ambassadrice américaine auprès des Nations Unies.

Le secrétariat général de l’ONU avait lancé à l’automne un Organe consultatif sur l’IA, qui doit rendre un rapport à l’été 2024, mais il n’y avait pas eu de résolution adoptée par les États membres jusque-là.

Cette résolution appelle les membres à « s’abstenir ou à cesser » d’utiliser l’IA de façon non conforme au droit international et aux droits humains. Elle exhorte toutes les organisations à soutenir les réglementations assurant la sécurité de l’IA et évitant les mésusages.

Le texte insiste sur les avantages de cette technologie dont la popularité a explosé avec ChatGPT, fin 2022. Dans sa communication, l’ONU mentionne rapidement que l’IA pourra aider à remplir des objectifs de développement durable. L’organisation internationale demande aussi aux pays les plus avancés de coopérer avec ceux moins développés pour combler la fracture numérique.

L’usage de l’IA dans le cadre militaire n’a pas été mentionné pour des raisons relativement évidentes : les États-Unis, la Chine ou encore la France mobilisent déjà cette technologie dans leurs armées. Israël a admis que l’IA l’aide à déterminer ses cibles de bombardement dans la bande de Gaza.

Une victoire diplomatique des États-Unis

La résolution n’est pas parfaite, elle n’est pas contraignante, mais reste une performance diplomatique à mettre au crédit des États-Unis. Les négociations ont duré plus de trois mois, selon le Washington Post plus d’une quarantaine d’heures de discussions. Citant une source de l’administration Biden, le journal évoque « de nombreuses conversations animées » pour trouver un terrain d’entente avec des pays comme la Russie, la Chine ou Cuba.

Résultat probant, le texte est coparrainé par une liste d’États membres qui ne cesse de s’allonger, plus de 120 à l’heure où ces lignes sont écrites. L’Empire du Milieu en fait partie.

Les États-Unis peuvent ainsi afficher un certain leadership dans le domaine de l’IA. Le texte semble avoir des similitudes avec le décret signé par Joe Biden en octobre 2023. Il reste la seule initiative intérieure majeure du pays. Cela a pu donner l’impression d’un retard sur le terrain réglementaire de Washington vis-à-vis de la Chine ou surtout de l’Union européenne.