Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a annoncé ce vendredi dans Les Échos, « la création d’une nouvelle agence ministérielle pour l’intelligence artificielle (IA) de défense ». Cette entité profitera d’une enveloppe de deux milliards d’euros sur les sept prochaines années pour permettre à l’armée d’entrer définitivement dans l’ère de l’IA.

Objectif : devenir le leader européen de l’intelligence artificielle militaire

Baptisée Amiad, cette organisation sera sous la tutelle du ministère des armées, de la même manière que la direction des applications militaires (DAM) du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA). Avec 300 millions d’euros alloués chaque année, l’Amiad devra « conceptualiser, voire fabriquer l’intelligence artificielle dans les grands programmes militaires, actuels comme futurs » insiste Sébastien Lecornu.

Pour aider l’Amiad à atteindre son objectif, le gouvernement va la doter de son propre super calculateur classifié, dont le prix serait compris entre 200 et 300 millions d’euros. Il sera situé en région parisienne, à Surennes. Il traitera une grande quantité de données secret-défense, de manière souveraine, et sans être confronté aux risques d’espionnage, de plus en plus importants. D’autres ministères pourront l’utiliser, si besoin.

Cette agence sera dirigée par Bertrand Rondpierre, ancien responsable des produits futurs de DeepMind, la filiale de Google spécialisée dans l’intelligence artificielle. En 2026, près de 300 doctorants civils et militaires, chercheurs et ingénieurs seront recrutés par l’Amiad. Ils travailleront soit à Palaiseau, au sein de l’école polytechnique, ou du côté de Bruz, non loin de Rennes, ou dans un pôle technique qui sera installé sur l’un des sites de la Direction générale de l’Armement (DGA), spécialisé dans la maîtrise de l’information et le cyberespace.

Les actions menées depuis 2019 par le ministère des Armées en faveur de l’intelligence artificielle militaire ont permis de mettre en lumière plus de 400 cas d’usages. Pour Sébastien Lecornu, cela reste un bon début, mais la France aurait le potentiel de devenir le leader européen de l’IA militaire, et d’atteindre le top 3 mondial. Pour lui, ce nouveau plan d’action permettra à l’armée française « de passer à l’âge adulte et de construire un outil » qui viendra à son service.

L’intelligence artificielle ne constitue pas la seule priorité technologique de l’armée française. La DGA a annoncé le 6 mars, le lancement du programme Proqcima axé sur l’informatique quantique. Cinq start-up spécialisées dans le secteur ont signé des accords-cadres dans le but de construire d’ici 2032, deux calculateurs quantiques avec un minimum d’imperfections.