Les machines fabriquées par ASML utilisées par la Chine à des fins militaires ? C’est la crainte exprimée par le ministère néerlandais du Commerce ces dernières semaines. L’équipementier basé aux Pays-Bas est la seule entreprise au monde à concevoir et vendre des systèmes à lithographie extrême ultraviolets (EUV) et à immersion ultraviolette profonde (DUV) haut de gamme, nécessaires à la production de semi-conducteurs avancés.

Les machines d’ASML, un luxe dont la Chine profite encore

« Nous craignons que les équipements produits par ASML ne soient utilisés à des fins militaires en Chine. Il s’agit d’une des raisons qui a convaincu le gouvernement d’interdire l’octroi de licences d’exportation, » a indiqué Geoffrey van Leeuwen. Comme l’a précisé le ministre néerlandais du Commerce, ces machines permettent de fabriquer des puces performantes qui peuvent être exploitées dans « des systèmes d’armes de grande valeur et des armes de destruction massive ».

Jusqu’à présent, ASML avait la possibilité de vendre ses machines EUV et DUV à des entreprises chinoises. Ces dernières années, le groupe néerlandais a vendu pour plusieurs centaines de millions d’euros d’équipements à des clients implantés en Chine. Néanmoins, en octobre 2022, les États-Unis ont décidé d’intensifier leurs sanctions à l’encontre de l’Empire du Milieu. Ces restrictions visaient tout particulièrement les semi-conducteurs avancés et les machines permettant leur fabrication.

L’Administration Biden a longuement négocié avec le gouvernement néerlandais pour que les machines d’ASML ne soient plus vendues à l’Empire du Milieu. En mars 2023, les Pays-Bas ont annoncé leur alignement sur les sanctions américaines, interdisant à ASML d’exporter ses équipements vers la Chine. La mesure, initialement prévue pour septembre, est finalement entrée en vigueur à la fin du mois de janvier.

Les États-Unis, soucieux du détail, avaient mis la pression sur les Pays-Bas, leur exhortant d’appliquer officieusement l’interdiction plus tôt que prévu. Questionné à ce sujet, Geoffrey van Leeuwen n’a pas indiqué si le gouvernement néerlandais s’était plié ou non aux exigences de Washington. En revanche, il a précisé que « plusieurs licences pour l’exportation vers la Chine d’équipements de fabrication de semi-conducteurs avancés ont été accordées depuis septembre, » n’indiquant pas s’il s’agissait de machines EUV ou DUV.

Si les autorités américaines ont cherché à accélérer l’application de cette mesure, c’est parce qu’ils ont appris que leur politique de restriction envers la Chine ne portait pas réellement ses fruits. Il y a quelques, Huawei a présenté le Mate 60 Pro, un téléphone équipé de la Kirin 9000S, une puce fabriquée en 7 nanomètres (nm), une technologie de fabrication qui n’était pas censée être maîtrisée par une entreprise chinoise. La Semiconductor Manufacturing International Corporation (SMIC) a réussi à atteindre ce niveau de gravure en modifiant une machine DUV d’ASML.