Le gouvernement des Pays-Bas a dévoilé le 28 mars un plan de 2,5 milliards d’euros pour améliorer les infrastructures de la région d’Eindhoven. Ce plan a été nommé Beethoven, peut-être parce qu’il a été conçu pour convaincre la plus précieuse entreprise technologique d’Europe, ASML, de ne pas déserter son lieu de naissance.

Le gouvernement au chevet d’ASML

ASML est née en 1984, dans la ville de Veldhoven, banlieue d’Eindhoven. L’entreprise s’est imposée comme leader mondiale des machines à lithographie, utilisée pour fabriquer des puces. Elle détient même le monopole sur les versions les plus avancées.

Au vu de l’importance toujours grandissante des puces dans les objets du quotidien, ASML s’attend à une décennie de forte croissance. Cependant, au grand dam de La Haye, au début du mois de mars, son PDG Peter Wennink a laissé entendre à plusieurs reprises que le groupe pouvait très bien voir son avenir ailleurs.

Au même moment la presse néerlandaise s’est fait l’écho de rumeurs sur ce fameux plan Beethoven. Il a depuis été confirmé par la ministre des Affaires économiques Micky Adriaansens. L’argent, dont 1,7 milliard viendra directement du gouvernement central, visera à moderniser les infrastructures routières, les transports en commun, le logement, le réseau électrique ou encore la formation professionnelle.

Le communiqué du gouvernement, relayé par Bloomberg, assume totalement l’objectif de ce projet, « avec ces mesures, le gouvernement part du principe qu’ASML réalisera davantage d’investissements aux Pays-Bas et maintiendra le siège social statutaire, fiscal et réel aux Pays-Bas ».

La société a très vite réagi, mais avec un message équivoque. « Nous préférons réaliser une partie significative de nos projets d’expansion aux Pays-Bas, à condition que ces projets d’expansion soient soutenus par des conditions commerciales favorables » commente l’entreprise, avant de poursuivre que le plan soutien « fortement ces conditions favorables » et de terminer en assurant rester en contact avec le gouvernement « pour finaliser notre prise de décision concernant notre expansion ».

La situation politique des Pays-Bas inquiète son secteur privé

Contrairement à ce qui pouvait avoir filtré début mars, ASML n’envisagerait pas un départ de Veldhoven, mais plutôt où le groupe va grandir. L’entreprise est vent debout contre une législation anti-immigration. Environ la moitié des 42 400 employés du groupe sont aux Pays-Bas et un grand nombre de ces derniers viennent de l’étranger. Cette loi risque d’affaiblir la capacité de l’entreprise à attirer les personnes les plus qualifiées.

La situation politique générale aux Pays-Bas est problématique, et pas seulement pour ASML. Les élections nationales de novembre 2023 ont été remportées par le parti de la liberté (PVV), d’extrême droite. Contrairement à la tradition, les autres partis ont réussi à empêcher son chef, Geert Wilders, d’accéder au poste de Premier ministre.

Les négociations de coalitions traînent en longueur, tandis qu’un gouvernement de transition est dirigé par Mark Rutte en attendant. Selon Reuters, l’instabilité politique, le poids de l’extrême droite et la fin de mesures fiscales avantageuses poussent une douzaine d’entreprises de premier plan, dont ASML, à réfléchir à l’exil.