Le Parquet National financier (PNF) a ouvert en septembre 2023, une enquête préliminaire sur Altice. La justice française a décidé de se pencher sur les agissements du groupe dirigé par Patrick Drahi suite à l’arrestation, l’été dernier, d’un des cofondateurs de l’entreprise, pour corruption.
Entre ses difficultés financières et judiciaires, Altice voit double
Le 13 juillet dernier, Armando Pereira, numéro 2 d’Altice, a été arrêté au Portugal. Selon les autorités, avec l’aide de deux complices, il se serait enrichi aux dépens du groupe. Il aurait surfacturé des prestations auprès de fournisseurs dont il était actionnaire, et empochait la différence sans le notifier à quiconque. Les enquêteurs portugais, qui ont pris le temps d’examiner l’ensemble de ces contrats, suspectent l’existence d’accords similaires dans d’autres pays où est implanté le groupe, notamment la France.
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Alerté, le PNF s’est saisi de l’affaire deux mois plus tard. Selon les informations de Bloomberg, la justice française enquête sur « des soupçons de corruption de personnes n’exerçant pas de fonctions publiques ». Elle cherche aussi à savoir s’il existe des tentatives de blanchiment d’argent ou des pratiques visant à dissimuler ces malversations. Altice n’a pas souhaité faire de commentaires.
Pour ce qui est de l’affaire de corruption au Portugal, Altice déclare qu’elle se considère comme victime des actes répréhensibles présumés. La société assure qu’elle collaborait pleinement avec les autorités judiciaires du pays. Pour se défendre, le groupe rappelle que le procureur portugais estime qu’il aurait été lésé à hauteur de 100 millions d’euros.
Toutefois, l’entreprise n’a pas porté plainte contre Armando Pereira. L’avocat de ce dernier a déclaré à Bloomberg qu’il souhaitait « que l’enquête avance rapidement et efficacement, » précisant que son client « espérait être entendu pour que son honneur soit lavé ». Dans l’attente de son procès, Armando Pereira a été libéré sous caution contre la somme de 10 millions d’euros.
Ces accusations arrivent à un moment difficile pour Altice. Patrick Drahi, son PDG, tente depuis plusieurs mois de résorber la dette du groupe, coûte que coûte. Celle-ci s’élève à 60 milliards d’euros, dont 24 milliards rien que pour ses actifs français. Pour tenter d’y parvenir, l’homme d’affaires a réussi à lever 800 millions d’euros grâce à un emprunt sur les marchés, lui permettant de retarder l’échéance de remboursement de son plus gros prêt. Aussi, le groupe s’est séparé de la majorité de ses data centers, et envisagerait même de vendre une part du capital de SFR au plus offrant.