Le nom de Bret Taylor n’est pas très connu et pourtant : il a dirigé l’équipe derrière Google Maps, a été directeur technique de Facebook, co-dirigeant de Salesforce, président du conseil d’administration de Twitter et maintenant d’OpenAI. Cette figure de la Silicon Valley a révélé le 13 février avoir lancé sa propre start-up il y a un an dans le secteur de l’IA.
Conflit d’intérêts ? Mais pas du tout voyons !
Le président du conseil d’administration d’OpenAI, matrice de l’actuelle popularité de l’intelligence artificielle, peut-il en parallèle diriger sa propre entreprise d’IA ? Interrogé par Bloomberg sur ce point, Bret Taylor assure que oui. « Nous sommes positionnés sur une pile technologique différente. Nous sommes clients d’OpenAI, et nous utilisons d’autres modèles fondamentaux », argumente-t-il. Pour lui la situation ne pose ni problème de concurrence ni conflit d’intérêts et si un problème devait survenir il « se récuserait simplement ».
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Il est vrai que Sierra, le nom de cette nouvelle structure créée il y a un an et tout juste portée à la connaissance du public, n’est pas sur le même créneau qu’OpenAI. Sa promesse est de donner un second souffle aux chatbots grâce à la puissance des grands modèles de langages (ceux d’OpenAI et d’autres).
Sierra s’adresse aux entreprises. Il s’agit d’une plateforme où les clients pourront créer leur propre agent conversationnel, personnalisé avec leurs données, pour améliorer la qualité de leurs chatbots. Pour éviter les risques d’erreurs des LLM actuels, ce qui est improprement appelé des « hallucinations », Sierra promet « de puissants outils d’audit et d’assurance qualité pour garantir que vous pouvez comprendre le raisonnement derrière chaque interaction ».
L’IA, le renouveau du Chatbot
L’entreprise met en avant de premiers clients conquis, comme Weight Watchers ou Sonos. D’après TechCrunch les profils de Bret Taylor et du co-fondateur Clay Bavor, longtemps directeur produit chez Google, ont permis de lever des sommes impressionnantes. Sequoia Capital a misé 85 millions de dollars et Benchmark 25 millions. Sierra s’approcherait déjà du statut de licorne avec sa trentaine de salariés.
La start-up risque pourtant d’avoir fort à faire. L’idée de développer des chatbots pour la relation client des entreprises grâce aux grands modèles de langage s’est très vite propagée avec ChatGPT. De gros acteurs bien installés comme l’ancienne entreprise de Bret Taylor Salesforce ne vont pas faire l’impasse, tandis que de nombreuses start-up vont tenter leur chance.
Bret Taylor voit dans l’IA une vague similaire à celle des sites web, des réseaux sociaux, des applications mobiles. Il est raisonnable d’imaginer que la compétition à venir a été anticipée au sein de Sierra. La start-up peut miser sur la réputation de ses deux fondateurs pour s’imposer face à ses concurrents.