Noyb avait prévenu dès l’annonce de l’offre premium de Meta, elle ne laissera pas passer. L’association basée en Autriche a déposé plainte le 28 novembre contre le groupe américain auprès de l’autorité de protection des données locale. Elle estime qu’il ne respecte pas le Réglement Général de Protection des Données (RGPD), notamment la possibilité pour les citoyens européens de choisir librement si leurs données sont exploitées.

Meta souhaite-t-il attirer des abonnés ou contourner le RGPD ?

« Il est tout simplement pitoyable que la Meta continue d’ignorer le droit européen » s’est exaspéré Max Schrems, fondateur de Noyb. Le sujet de son courroux date d’un billet de blog de Meta publié un mois plus tôt. L’entreprise y présente une offre d’abonnement. Si l’utilisateur de Facebook ou Instagram ne souhaite pas avoir de publicité ciblée, que ses données ne soient pas exploitées, il devra régler 9,99 euros par mois sur le web, 12,99 euros sur iOS et Android. La différence de prix est liée à la commission de 30 % récupérée par Apple et Google.

Meta explique se mettre ainsi en conformité avec les exigences des régulateurs européens. En 2023 les amendes pour non-respect du RGPD se sont accumulées pour l’entreprise. En juillet, la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) a estimé que son traitement des données à des fins de publicité personnalisée était illégal.

Avec son offre d’abonnement, le groupe juge donner le choix aux utilisateurs d’être suivi ou non. Dans son billet de blog, il assure que la CJUE « a expressément reconnu qu’un modèle d’abonnement, comme celui que nous annonçons, constitue une forme valable de consentement pour un service financé par la publicité ».

Noyb ne l’entend pas de cette oreille. L’association estime que la proposition de Meta de payer pour ne pas être suivi revient à un non-choix « Combien de personnes exerceraient encore leur droit de vote si elles devaient payer 250 euros pour le faire ? » fait mine de s’interroger Max Schrems. « Il fut un temps où les droits fondamentaux étaient réservés aux riches. Il semble que Meta veuille nous ramener plus de cent ans en arrière ».

Le niveau du prix de l’abonnement, jugé prohibitif, est mis en avant comme un argument supplémentaire de ce non-choix. En se basant sur les revenus annuels de Meta, Noyb fait remarquer que ses revenus par personne, via la publicité, sont de 62,88 euros. L’abonnement peut monter jusqu’à 251,88 euros pour 12 mois si l’on souhaite utiliser Facebook et Instagram sans publicité.

Cet écart est une preuve que l’offre d’accès sans publicité aux plateformes est déraisonnable, allant bien au-delà d’une compensation nécessaire à leurs bons fonctionnements. Meta se cache à peine de ne pas être spécialement motivé pour gagner des abonnés, « nous continuerons à plaider en faveur d’un Internet financé par la publicité, même avec notre nouvelle offre d’abonnement ». L’entreprise se défend tout de même d’appliquer des tarifs semblables à d’autres services numériques, une affirmation très discutable.