Entre l’inflation, le contexte politique tendu et les difficultés de recrutement, les entreprises ont dû faire face à des défis de taille en 2023. L’année à venir devrait, elle aussi, être synonyme de challenges. Pour les surmonter, les entreprises doivent nécessairement élaborer une stratégie solide, permettant de maintenir leur stabilité tout en poursuivant leur croissance. Les logiciels sont des leviers cruciaux pour y arriver. Solution de comptabilité pour mieux gérer ses finances, outil CRM pour simplifier la relation client, logiciel de cybersécurité pour protéger les activités de l’organisation… Les sociétés s’appuient aujourd’hui sur une pléthore d’outils digitaux pour assurer leur bon fonctionnement et croissance.

Une question demeure toutefois : quels sont les logiciels dans lesquels les entreprises doivent impérativement investir ? Face à la large palette de solutions proposées, faire le bon choix s’apparente à une véritable mission. Pour y voir plus clair, Siècle Digital est parti à la rencontre d’Emilie Audubert, analyste de contenu pour Capterra. Il s’agit de la plateforme de référence de comparaison de logiciels. Elle compte plus de 900 catégories, 95 000 solutions référencées et plus d’1,8 million d’avis vérifiés.

L’entreprise a interrogé 1526 dirigeants et managers d’entreprises à travers la France, les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni et l’Australie pour définir les grandes tendances d’achats de logiciels ainsi que les principales préoccupations des professionnels en termes de technologie. Zoom sur chacune d’entre elles.

L’achat de logiciels, toujours une priorité en période de crise économique

Pour amortir les effets de l’inflation, les entreprises cherchent à actionner plusieurs leviers : économie d’énergie, limitation des déplacements entre les sites, demande d’aides publiques… Bien que l’heure soit aux économies, les investissements logiciels restent une priorité pour les sociétés. « 53 % des répondants français ont indiqué avoir projeté de dépenser entre 10 et 20 % de plus en 2023 qu’en 2022 », précise Emilie Audubert. Une tendance similaire a été observée au-delà des frontières de l’Hexagone.

Ses intentions de dépenses sont partagées par les autres pays interrogés. « Au total, 53 % des sondés prévoyaient un budget à la hausse de 10 à 20 % par rapport à 2022. 15 % affirmaient même dépenser au moins 21 % de plus en comparaison avec l’année dernière », ajoute l’analyste de contenu.

Bien que l’achat de logiciels soit perçu comme une dépense conséquente sur le court terme, il est reconnu comme un investissement pertinent sur le long terme. Cela s’est d’autant plus confirmé durant la pandémie, où les outils à de travail à distance ont permis aux organisations de survivre, voire croître, dans des moments critiques. « Ça leur permet aussi de rester en phase avec des problématiques cruciales pour leur développement, que ce soit, par exemple, sur des questions de conformité aux normes environnementales », explique l’experte.

Les logiciels sont également des clés de voûte pour les accompagner dans leur transformation digitale et faire face aux enjeux que celle-ci implique, dont la cybersécurité. « Les attaques visent davantage des entités qui sont moins sécurisées, comme les TPE et les PME », remarque Emilie Audubert. Protéger ses systèmes à l’aide de solutions robustes est donc un enjeu considérable pour les entreprises, tout secteur confondu.

Quelles sont les priorités d’achat de logiciels des sociétés ?

Capterra s’est aussi penché sur les solutions les plus acquises par les sociétés interrogées pour en dégager les grandes tendances. Les outils de Supply Chain Management figurent en haut du podium. En somme, des logiciels opérationnels qui permettent de vérifier chaque chaîne de production.

« Nous avons ensuite les logiciels d’ERP (ndlr : Enterprise Resource Planning) pour analyser et optimiser les processus d’une entreprise puis, en troisième position, les logiciels de parc informatique », poursuit l’analyste de contenu. Les solutions de cybersécurité, de CRM et de gestion de point de vente sont également citées par les sondés.

L’intelligence artificielle (IA) n’est donc pas un investissement prioritaire. Pour l’experte, ce n’est pas une surprise. « Ce que veulent les organisations à l’heure actuelle, c’est rester somme toute compétitives et pour cela, rationaliser déjà des processus existants », explique-t-elle. Malgré tout, l’IA est jugée comme la technologie ayant le plus de valeur ajoutée par les entreprises. Le machine learning, les logiciels API et la cybersécurité avancée sont aussi mentionnés. Bien qu’ils ne fassent pas l’objet d’investissement majeur en 2023, ils pourraient intégrer davantage les stratégies budgétaires des sociétés au vu de leur potentiel.

Les trois principaux objectifs de l’achat de logiciels d’entreprise

L’enjeu est par ailleurs de comprendre les objectifs que les organisations cherchent à atteindre en se procurant des logiciels. « Le premier, c’est l’amélioration de la productivité », révèle Emilie Audubert avant d’approfondir. « Le fait de rationaliser les processus et d’optimiser les ressources disponibles, c’est un besoin que 38 % des entreprises interrogées ont évoqué ». Leurs préoccupations portent également sur la sécurité. 32 % des sondés acquièrent des logiciels pour protéger leurs opérations, mais aussi avoir des systèmes au sein desquels un réseau de sécurité suffisant puisse être établi.

L’obsolescence de leurs structures technologiques a aussi incité 27 % des répondants à se procurer de nouvelles solutions. « L’impact de la pandémie peut ici être cité. De nombreuses entreprises ont réalisé qu’elles ne disposaient pas des infrastructures nécessaires pour permettre ne serait-ce que le travail hybride », précise l’analyste de contenu.

Quelques freins à l’achat de solutions persistent

Le déploiement d’un nouvel outil implique de repenser une partie du fonctionnement opérationnel au sein d’une société. Il est question d’évaluer la solution, de l’implémenter puis de l’adopter. Le processus prend du temps, ce qui peut réfréner les organisations, qui craignent un ralentissement de leur activité.

Les sondés évoquent par ailleurs le degré de personnalisation offert par le logiciel comme un frein. En effet, de nombreuses entreprises cherchent de la modularité, qu’offrent par exemple les CRM. Or, ce n’est pas forcément quelque chose qu’elles peuvent retrouver pour toutes les catégories de logiciels.

En outre, elles sont à la recherche d’un véritable accompagnement. « Les fournisseurs de logiciels doivent s’assurer d’offrir un accès aisé aux supports clients, ce qui peut sembler quelque chose de simple, mais c’est une requête pour 35 % des sondés », rappelle la spécialiste. Elles veulent aussi bénéficier d’un espace de connaissance pour l’auto-formation et les tutoriels. « 35 % du panel souhaitent recevoir des modules intégrés de formation qui permettent non seulement à l’entreprise de devenir plus autonome, mais également aux collaborateurs qui, par la suite, devraient être formés à la manipulation ou à l’utilisation de ce type de solution ». Des points clés que les fournisseurs logiciels devront avoir en tête en 2024 et au-delà.