Alors qu’elle avait annoncé le licenciement de près de la moitié de ses salariés en septembre dernier, Onclusive a décidé de reporter son plan social, le 19 octobre. Ce plan de licenciement, visant à redresser le chiffre d’affaires de la société en baisse depuis cinq ans, consiste à remplacer les employés remerciés par des outils d’intelligence artificielle.

Un plan social inédit visant à remplacer une partie des employés d’une entreprise par l’IA

Selon les informations du Parisien, la direction d’Onclusive souhaite présenter une nouvelle version de son plan social. « J’ai pris la décision d’interrompre la procédure d’information-consultation et les négociations en cours. […] Un projet ajusté et affiné sera présenté aux partenaires sociaux dans le courant du mois de décembre 2023, considérant les différents commentaires reçus, » déclare Rob Stone, le président-directeur général de l’entreprise.

Après une annonce émise il y a un mois, l’instauration d’une méthode de remplacement des employés licenciés par l’intelligence artificielle a engendré de grandes appréhensions et un climat de tension au sein de l’entreprise. D’ici juin 2024, le plan prévoyait la suppression de 217 postes sur 383 au total. En parallèle, 23 nouveaux emplois de manager devraient être créés pour accompagner la mise en place des nouveaux outils d’IA. Le groupe expliquait en septembre qu’il s’agissait « d’une étape nécessaire pour mettre à jour les systèmes et infrastructures obsolètes hérités de nos anciennes sociétés afin de fournir aux clients un service plus rapide et plus fiable ».

Contre les licenciements, les syndicats ont vivement critiqué le plan social. La Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets) rattachée au ministère du Travail, a même adressé un courrier d’observation à Onclusive. Pour la Dreets, le plan social proposé par la société de veille médiatique ne prend pas en compte les caractéristiques des employés, comme leur âge, leur situation matrimoniale, ou leur durée de présence dans l’entreprise, en vue d’une réinsertion professionnelle.

Le Ministère du Travail en désaccord avec le plan de licenciement envisagé par la société de Rob Stone

« Certaines personnes ont vingt à trente ans d’ancienneté et elles vont être remplacées par une nouvelle génération de robots, qui vont bosser jour et nuit. C’est difficile à accepter », déplore l’un des salariés du groupe au Parisien. Les remarques de la Dreets devraient être considérées dans la seconde version du plan social d’Onclusive. Il semble « nécessaire d’apporter des ajustements et des précisions au projet présenté initialement », précise Rob Stone, avant d’ajouter que le nombre de suppressions de postes n’augmentera pas.

Depuis l’avènement de l’intelligence artificielle générative, à la fin de l’année dernière, plusieurs études ont prouvé que cette nouvelle technologie aura un impact sur le marché de l’emploi. Ainsi, Goldman Sachs considère que les outils d’IA remplaceront plus de 300 millions d’emplois dans les pays développés, tandis que les chercheurs d’OpenAI avancent que 80 % des emplois risquent d’être affectés par l’arrivée en masse des modèles de langage dans le monde du travail.