Anabel Diaz, responsable de l’activité mobilité d’Uber pour la région Europe, Afrique et Moyen-Orient, a appelé les instances européennes à prendre le temps de la réflexion avant de légiférer autour la condition des travailleurs indépendants. La cadre dirigeante juge que si une loi sur la salarisation venait à voir le jour, son entreprise pourrait fermer ses portes au sein de l’Union européenne.
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La plateforme pourrait ne plus être disponible dans de nombreuses villes européennes
« Si Bruxelles oblige Uber à proposer la condition de salarié aux chauffeurs et aux coursiers dans toute l’UE, nous pourrions nous attendre à une réduction de 50 à 70 % des opportunités d’emplois » selon les propos tenus par Anabel Diaz au Financial Times. D’après elle, cela amènerait Uber « à cesser ses activités dans des centaines de villes européennes, parmi les 3 000 où elle est pourtant présente aujourd’hui ».
Pour les dirigeants d’Uber, la mise en place d’une nouvelle loi accordant aux conducteurs et aux livreurs le droit d’être salarié augmenterait obligatoirement les tarifs proposés aux consommateurs. « Les prix pourront grimper jusqu’à 40 % pour les clients des grandes villes, qui bénéficieront d’un service moins efficace, car avec moins d’employés, les usagers pourraient bien attendre plus longtemps qu’actuellement » précise Anabel Diaz.
À l’heure actuelle, la grande majorité des travailleurs d’Uber, mais aussi de Deliveroo, sont indépendants. Ils créent leur autoentreprise et sont rémunérés par la suite via ces plateformes en fonction du travail qu’ils réalisent. Cela signifie que ces personnes n’ont pas accès aux avantages que possèdent les salariés comme les congés maternités ou paternités ou l’accès à un salaire minimum.
L’Union européenne veut normaliser le salariat sur Uber et Deliveroo
Pour éviter cela, la Commission européenne a travaillé sur un projet de loi pour mettre fin à ce qui est appelé un statut de « faux indépendants ». Les plateformes devront prouver que les personnes qui travaillent pour elles ont réellement le choix. Pour le déterminer, l’instance européenne a mis en place cinq critères : le fait qu’une plateforme fixe les niveaux de rémunération, supervise à distance les prestations, ne permet pas à ses employés de choisir leurs horaires ou de refuser des missions, impose le port d’uniforme, ou encore leur interdit de travailler pour d’autres entreprises. Si deux d’entre eux sont cochés, il y a une présomption de salariat.
En février dernier, une version finale de cette réglementation a été soumise au vote et adoptée par le Parlement européen. Nicolas Schmit, le Commissaire européen chargé de l’emploi et aux droits sociaux, considère que cette proposition de loi « permettra d’établir des critères clairs et d’examiner les faits. Si la plateforme est effectivement un employeur, alors les personnes qui y travaillent ont droit aux mêmes droits et à la même protection que les travailleurs du monde hors ligne ».
Selon les informations du Financial Times, plusieurs hauts responsables de l’UE affirment qu’Uber aurait tenté de faire du lobbying pour que le cadre législatif soit modifié, si ce n’est totalement abandonné.