Pour parvenir à une consommation plus verte des contenus audiovisuels, l’Autorité de régulation de l’audiovisuel et du numérique (Arcom) a partagé cette semaine une liste de recommandations. Un moyen de réduire l’impact environnemental de ces usages qui prennent de plus en plus de place dans les habitudes des Français. D’après une étude publiée conjointement avec l’Arcep en avril dernier, l’empreinte carbone du numérique pourrait tripler d’ici à 2050.

Prendre conscience de l’impact environnemental du streaming

« Le développement du numérique est notamment lié à celui de la consommation vidéo », a déclaré l’Arcom dans son communiqué. Selon le cabinet Sandvine, les flux vidéos comptaient pour 66 % du trafic mondial en 2022. En France, les plateformes de streaming gagnent du terrain sur la télévision. Un internaute sur deux (51 %) est abonné ou a accès à un service de vidéo à la demande.

Alors que la tendance est la croissance du streaming, l’Arcom estime qu’il « est important que les acteurs économiques concernés puissent œuvrer à des services plus responsables ». L’Arcep faisait remarquer en avril à Siècle Digital que « si le numérique contribue sous bien des aspects à la mise en œuvre de la transition écologique, son développement engendre également des impacts qu’il est important de mieux connaître ».

Selon l’Arcom, les Français sont prêts à adopter des pratiques plus saines pour l’environnement. Bénédicte Lesage, membre de l’Arcom et présidente du groupe de travail « Éducation aux médias, transition écologique et santé publique », précise à Siècle Digital que « les médias audiovisuels et numériques constatent une attente croissante de leurs usagers » à ce sujet.

Inciter les utilisateurs à une consommation plus verte

Pour faire évoluer la conscience environnementale des utilisateurs de ces plateformes, l’Arcom dévoile quatre recommandations. Tout d’abord, l’agence demande que les sociétés de l’industrie audiovisuelle publient davantage d’informations pour informer leurs usagers de l’impact environnemental lié au visionnage de leurs contenus. Celles-ci pourraient être couplées à la diffusion de campagne de communication et la mise à disposition de ressources sur l’environnement.

Dans un second temps, l’Arcom préconise l’utilisation de paramètres de qualité de l’image et la recommandation au public de paramètres d’utilisation sobres en énergie. Elle précise que « si cela s’avère techniquement possible » il serait pertinent de « mettre à disposition une fonctionnalité de type “sobriété énergétique”, aisément accessible et permettant d’appliquer automatiquement l’ensemble des réglages les plus respectueux de l’environnement ». Cette dernière pourrait désactiver la lecture automatique des vidéos ou adapter la qualité de l’image en fonction de la taille de l’écran ou du réseau utilisé.

L’Arcom appelle aussi à la mise en place d’une « méthodologie commune de calcul de l’impact environnemental des usages audiovisuels ». Celle-ci doit servir à déterminer des affichages homogènes en fonction des supports de diffusion, « à l’image de ce qui se pratique déjà dans le secteur de l’électroménager ». Enfin, elle incite les acteurs du secteur à la tenir au courant « des actions menées dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions de la présente recommandation ». Ce bilan permettra « de rendre compte du degré d’engagement des acteurs concernés ».

La légitimité de l’Arcom

Face aux différentes recommandations de l’Arcom, plusieurs internautes se sont indignés. Ils estiment que certaines mesures sont inefficaces et que la pollution du numérique est surestimée. Bénédicte Lesage indique que le rôle de l’agence est « d’établir des recommandations pour l’information des usagers sur l’impact environnemental et la consommation d’énergie de l’utilisation des services audiovisuels et numériques ».

Elle précise que les pistes évoquées « peuvent varier selon les technologies utilisées par les différents acteurs. Bien sûr, chacun est invité à s’approprier tout ou une partie de ces recommandations en fonction de ses caractéristiques techniques ». En d’autres termes, les plateformes de streaming et les chaînes de télévision pourront choisir de se plier, ou non, aux conseils de l’Arcom. Bénédicte Lesage conclut en rappelant que « le but commun est de réduire l’impact environnemental des nouveaux usages, notamment la lecture des contenus vidéos ».