La grève qui touche actuellement Hollywood pourrait s’étendre aux doubleurs de jeux vidéo. Au cœur des revendications, le besoin d’une protection légale face à l’émergence de l’intelligence artificielle (IA).

Une grève historique

En mai dernier, les scénaristes hollywoodiens décidaient d’entamer une grève pour protester contre leurs conditions de travail, mais également pour dénoncer le recours toujours plus prononcé à l’IA par les sociétés de production. La Screen Actors Guild‐American Federation of Television and Radio Artists (SAG-AFTRA), syndicat représentant plus de 160 000 acteurs, figurants, et professionnels des médias, a rejoint le mouvement au mois de juillet. C’est la première fois depuis plus de 60 ans que scénaristes et acteurs manifestent ensemble.

Le syndicat enjoint désormais les acteurs spécialisés dans les jeux vidéo à participer au mouvement. En cause, les négociations autour de l’Interactive Media Agreement, un accord régissant le travail de ces derniers. Expiré en 2022, le nouveau texte n’a pas encore été approuvé, faute d’entente entre les différents partis ; de nouvelles discussions sont prévues dès le 26 septembre prochain.

« Aujourd’hui, notre accord sur les jeux interactifs (jeux vidéo) est également dans l’impasse. Une fois de plus, nous sommes confrontés à la cupidité et au manque de respect des employeurs. Une fois de plus, l’intelligence artificielle met nos membres en danger et réduit leurs possibilités de travailler. Et une fois de plus, SAG-AFTRA s’oppose à la tyrannie au nom de ses membres », s’insurge Fran Drescher, présidente du syndicat.

Epic, Ubisoft, Activision et EA Electronics concernées

Comme avec de nombreux autres métiers, l’IA, si elle n’est pas encadrée, est perçue comme une menace par les travailleurs du secteur. « Les travaux réalisés dans le cadre de l’accord sur les médias interactifs comprennent également une grande part de « capture de performance », où des professionnels qualifiés, dont beaucoup sont des cascadeurs, fournissent des performances capturées numériquement et utilisées pour donner un mouvement expressif aux personnages de jeux vidéo. L’utilisation non réglementée de l’IA représente une menace énorme pour les professions de ces artistes », détaille SAG-AFTRA dans un communiqué.

Le syndicat demande également une augmentation des revenus de ses membres, afin qu’ils puissent s’adapter à l’inflation des prix. Désormais, les acteurs concernés ont jusqu’au 25 septembre pour décider s’ils veulent entrer en grève. Dans ce cas, des entreprises comme Activision, Ubisoft, Electronic Arts ou encore Epic Games pourraient être affectées.

Les grèves simultanées des acteurs et des scénaristes ont déjà d’importantes répercussions sur les distributeurs. Certaines émissions ont été suspendues pour une durée indéterminée et d’autres, comme la série d’Apple TV+ Metropolis, ont été annulées.