L’ambiance est loin d’être au beau fixe chez Alphabet. Plusieurs employés de Google Help, embauchés par l’intermédiaire d’Accenture, ont déposé une plainte auprès du National Labor Relations Board (NLRB), l’agence fédérale américaine chargée de conduire les élections syndicales et d’enquêter sur les pratiques dans le monde du travail. Ils accusent leurs deux employeurs d’avoir mis fin à leurs contrats à cause de leur syndicalisation.

80 salariés américains renvoyés

Tout commence début juin, lorsque 120 employés de Google Help annoncent rejoindre l’Alphabet Workers Union (AWU). Créé en 2021, il s’agit du premier syndicat de l’histoire de l’entreprise de Mountain View. Il compte aujourd’hui plus de 1 400 membres.

Dans un communiqué, les nouveaux adhérents réclament de meilleures conditions de travail. Sont requis un salaire plus élevé et davantage de congés payés car, sur les quinze jours accordés par Alphabet, seulement deux sont payés. Ils demandent aussi à ne plus être assignés aléatoirement à des projets ne relevant pas de leur champ d’activité.

« Lorsque mes collègues et moi-même avons annoncé notre syndicalisation et avons obtenu un soutien important, les directions de Google et d’Accenture ont refusé de nous entendre », raconte Anjail Muhammad, l’une des rédactrices licenciées, dans un communiqué de l’Alphabet Workers Union.

Deux semaines plus tard, 80 des salariés fraîchement syndiqués reçoivent une lettre de licenciement. Ces dernières sont principalement adressées à des rédacteurs et des graphistes créant du contenu interne et externe pour le géant, y compris les pages d’assistance Google Help. « Ces emplois ne disparaissent pas pour autant, on nous demande simplement de former nos remplaçants à l’étranger », précise Anjail Muhammad. Ces nouvelles recrues exerceraient essentiellement depuis l’Inde et les Philippines, où la main-d’œuvre est moins chère qu’aux États-Unis.

Pour la rédactrice et ses collègues, ces renvois sont une « mesure de représailles ». « Il est évident que ce timing est incroyablement suspect, et c’est pourquoi nous déposons une plainte pour pratique déloyale de travail : pour que Google et Accenture soient tenus responsables de leur comportement », a-t-elle déclaré à Bloomberg.

À qui la faute ?

La question est désormais de savoir qui doit endosser le rôle de coupable. Alphabet, ou son sous-traitant Accenture ? Pour les membres de l’AWU, les deux entreprises sont en faute, car ce sont des « employeurs conjoints » qui jouent tous les deux un rôle dans la mise en place de bonnes conditions de travail.

Alphabet ne voit pas les choses du même œil. Le géant de la tech souligne que Google n’a pas la main sur ces problématiques. Il précise soutenir le droit des travailleurs, mais qu’il s’agit « d’une affaire entre eux et leur employeur, Accenture ». En outre, il avance que la décision de licencier les employés a été prise avant l’annonce de leur syndicalisation. L’AWU indique toutefois que l’entreprise n’a pas été en mesure d’apporter les preuves nécessaires pour valider cette affirmation.

Même son de cloche du côté d’Accenture. Début juillet, lors de l’annonce de la suppression de plusieurs postes, l’entreprise irlandaise a expliqué que les décisions relatives aux effectifs avaient été prises avant qu’elle ne soit informée d’une quelconque activité syndicale. Elle avait aussi à rappeler qu’elle soutenait le droit de rejoindre ou former un syndicat.

Cette affaire n’est pas sans rappeler celle de YouTube Music, une filiale de Google. En avril dernier, Cognizant, un sous-traitant d’Alphabet, avait annoncé la fin de la possibilité de travailler à distance au moment où les salariés se préparaient à rejoindre l’AWU. Le NLRB avait jugé que l’entreprise de Mountain View était un employeur conjoint, étant donné qu’elle a son mot à dire sur les avantages sociaux accordés ou encore les horaires. Ainsi, c’est son rôle de discuter avec les employés de leur syndicalisation et de leurs revendications.