Une information qui va ravir Slack et Zoom. La Commission européenne a annoncé, ce 27 juillet, l’ouverture d’une enquête pour déterminer si Microsoft a enfreint les règles de concurrence en ajoutant Teams, son logiciel de visioconférence, à sa suite Microsoft 365. Les concessions proposées par Redmond n’ont pas convaincu les régulateurs.

3 ans après le dépôt de plainte de Slack contre Microsoft

La Commission européenne explique dans un communiqué qu’elle craint que Microsoft « n’abuse et ne défende sa position sur le marché des logiciels de productivité en restreignant la concurrence dans l’Espace économique européen pour les produits de communication et de collaboration ». L’instance européenne redoute que le géant américain « n’accorde à Teams un avantage en matière de distribution en ne donnant pas aux consommateurs le choix d’inclure ou non l’accès à ce produit lorsqu’ils s’abonnent à ses suites ».

Margrethe Vestager, vice-présidente en charge de la politique de concurrence à la Commission européenne détaille davantage cette décision « Les outils de communication et de collaboration à distance comme Teams sont devenus indispensables pour de nombreuses entreprises en Europe ». Elle ajoute « Il faut donc s’assurer que les marchés de ces produits restent compétitifs et que les entreprises soient libres de choisir les produits qui répondent le mieux à leurs besoins. ». Elle signale notamment que Microsoft pourrait limiter l’interopérabilité entre ses suites de productivité et les offres des concurrents.

Cette enquête s’inscrit à la suite d’une plainte déposée en juillet 2020 par Slack. L’entreprise propriétaire d’une plateforme de visioconférence accuse Redmond d’abus de position dominante. La société américaine reproche à son homologue d’imposer le téléchargement de Teams lors de l’achat de la suite Office 365.

Ces accusations ont été portées quelques mois après le début de la pandémie. Cette dernière, avec l’explosion du télétravail, a permis aux plateformes de communications de décupler leur nombre d’utilisateurs. Teams a vu ses utilisateurs actifs quotidiens passer de 20 millions en mars 2020 à 145 millions en janvier 2022.

Contrairement aux autres GAFAM, il est rare de voir Microsoft faire face à des accusations de pratiques anticoncurrentielles en Europe. Il faut remonter à 2013 pour que Redmond soit condamnée à une amende de 561 millions d’euros. L’entreprise a été accusée, cinq ans plus tôt, de profiter de sa position dominante pour inciter ses clients à utiliser Internet Explorer sur Windows.

Microsoft voulant éviter une nouvelle condamnation a proposé, en avril, des concessions à la Commission européenne. Le géant de la tech avait soumis l’idée d’arrêter la vente de sa suite d’outils bureautique avec sa plateforme collaborative. Cette solution permettrait de ne plus inciter les entreprises à utiliser Teams au lieu d’un service concurrent.

Non convaincu, Bruxelles a préféré ouvrir une enquête approfondie. Elle échangera, tout d’abord, avec toutes les parties prenantes. Sur le banc des accusés, Microsoft se montre confiant. Un porte-parole du groupe a déclaré au Financial Times « Nous respectons le travail de la Commission européenne sur cette affaire et prenons nos propres responsabilités très au sérieux. (…) Nous continuerons de coopérer avec la commission et restons déterminés à trouver des solutions qui répondront à ses préoccupations ».