Les autorités américaines ont placé, le 18 juillet, Intellexa et Cytrox sur liste noire. Les deux entreprises européennes d’origines israéliennes, connues pour vendre des logiciels espions. Washington estime qu’elles représentent une menace pour sa sécurité nationale et les droits de l’Homme.

Les États-Unis ne baissent pas la garde face aux logiciels espions

Sur son site, Intellexa propose à ses clients de renforcer leur « capacité à enquêter sur les pédophiles, les groupes terroristes organisés, la traite des êtres humains ou la fraude financière ». Officiellement la plupart des entreprises de ce type vendent leurs services à des gouvernements pour traquer les criminels. Plusieurs affaires ont cependant montré que les logiciels de ces sociétés peuvent être détournés à de tout autre fin. Il y a un an Cytrox a justement été pointé du doigt pour son logiciel « Predator », utilisé pour surveiller un opposant politique au pouvoir égyptien.

Dans son communiqué, le département du Commerce indique qu’en plus d’un risque pour la sécurité des États-Unis, « L’utilisation abusive de ces outils à l’échelle mondiale a également facilité la répression et permis les violations des droits humains, notamment pour intimider les opposants politiques et freiner la dissidence, limiter la liberté d’expression et surveiller et cibler les militants et les journalistes. »

C’est la révélation du scandale Pegasus qui a mis un coup de projecteur sur une industrie qui préfère par nature la discrétion. Un consortium de journalistes a révélé à l’été 2021 que ce programme, proposé par la société israélienne NSO Group, avait été utilisé pour s’infiltrer dans les smartphones d’un grand nombre de personnes dont le profil ne correspondait pas tout à fait à celui de dangereux terroristes.

La société et trois autres avaient été placés sur l’Entity List, la liste noire du département du Commerce, en novembre 2021. Intellexa, basé en Grèce et en Irlande, et Cytrox, situé en Hongrie et Macédoine du Nord, viennent de connaître le même sort. Concrètement, toutes entreprises américaines voulant commercer avec ces deux sociétés devront obtenir au préalable une licence, une autorisation du ministère américain. Pour NSO, la décision américaine avait été un véritable coup de massue.

Alan Estevez, responsable du Bureau de l’industrie et de la sécurité, qui gère l’Entity List a profité de l’occasion pour déclarer « Nous restons concentrés sur la lutte contre la prolifération des outils numériques de répression ». L’administration Biden s’est engagée à prendre à bras-le-corps cette problématique. Le président américain a notamment pris un décret pour limiter l’usage de ces logiciels au sein des institutions fédérales. Il n’a toutefois pas été jusqu’à l’interdiction.