Le Parquet de Paris a confié le 1et juillet, à un juge d’instruction, l’enquête en France sur l’utilisation du logiciel d’espionnage Pegasus. L’an denier, ce projet avait fait l’objet d’un scandale international tout aussi important que l’affaire de cyber-espionnage liées aux révélations d’Edward Snowden en 2013 autour de la National Security Agency (NSA).

Le projet Pegasus : une affaire de cyber-espionnage d’ampleur mondiale

En juillet 2021, après plusieurs mois d’enquête, un consortium de 17 médias épaulé par Amnesty International a dévoilé plusieurs faits sur le projet Pegasus. Ce logiciel espion développé par NSO Group devait permettre d’aider les services de renseignement à lutter contre le terrorisme et la criminalité, de par sa faculté à s’introduire très facilement dans n’importe quel smartphone Apple ou Android sans qu’il s’en aperçoive.

Alors que Pegasus était soupçonné depuis quelques années d’être utilisé à mauvais escient, le consortium de médias a eu accès à un fichier regroupant 50 000 numéros de téléphone identifiés comme étant des cibles des clients de NSO Group. Parmi les victimes de Pegasus, on retrouve les numéros de plusieurs centaines d’hommes et femmes politiques, des chefs d’entreprise, des journalistes et des militants des droits de l’Homme. Ces informations ont suscité l’indignation puisque les personnes ciblées par le logiciel espion semblent bien loin d’être des criminels ou des terroristes.

Un juge d’instruction associé au volet français des investigations autour de Pegasus

Immédiatement après avoir été tenu au courant, le parquet de Paris avait ouvert une enquête sur l’espionnage de journalistes français et d’un des téléphones portables d’Emmanuel Macron pour le compte de l’État marocain. Un fait qui avait été présenté par le consortium des 17 médias internationaux ayant révélé l’affaire. À l’heure actuelle, le Maroc conteste vivement cette accusation.

De plus, l’enquête vise également :

  • les infractions « d’associations de malfaiteurs, l’interception des correspondances émises par voie électronique, l’installation d’appareils de nature à permettre de telles interceptions, détention et diffusion de paroles ou images portant atteinte à la vie privée, offre, cession ou mise à disposition et détention, offre ou vente d’un équipement conçu pour permettre une atteinte à un système de traitement automatisé de données ».
  • Les infractions relatives à l’administration : « accès et maintien dans un système de traitement automatisé de données mis en œuvre par l’État en bande organisée, introduction, extraction, détention, reproduction et transmission de données issues d’un système de traitement automatisé de données mis en œuvre par l’État en bande organisée ».

En ce sens, une information judiciaire a donc été ouverte contre X par la section cyber du parquet de Paris. La France n’est pas le seul pays à avoir lancé une enquête : en Espagne, la justice a indiqué que le juge enquêtant sur l’espionnage de plusieurs membres du gouvernement espagnol, dont le Premier ministre Pedro Sanchez, voulait interroger en Israël le patron de NSO Group. Une commission d’enquête spéciale a même été créée par le Parlement européen pour l’utilisation présumée de Pegasus au sein de l’UE.