Cet été, l’affaire Pegasus a été révélée au grand jour par 17 rédactions partenaires, dont Le Monde ou Mediapart font partie. Aujourd’hui, les résultats des analyses menées par l’État dans le secret commencent à tomber. Selon un « document confidentiel », auquel Mediapart a eu accès, les analyses ont révélées la présence de marqueurs suspects sur les téléphones de cinq ministres français.

Cinq ministres français concernés dans l’affaire Pegasus

Après les révélations de l’affaire Pegasus, l’État a réclamé une enquête pour comprendre à quel point le logiciel espion Pegasus avait pu impacter son gouvernement. Mediapart a eu accès à un « document confidentiel » dans lequel sont mentionnés les noms de cinq ministres français : Jean-Michel Blanquer, Jacqueline Gourault, Sébastien Lecornu, Emmanuelle Wargon et Julien Denormandie.

Dans les téléphones portables de ces cinq ministres, des « marqueurs suspects » ont été identifiés. Impossible de confirmer avec certitude que les ministres ont effectivement été victimes du logiciel espion Pegasus, mais ces éléments semblent montrer que cela puisse être le cas. Les experts en cybersécurité notent qu’il y aurait des « traces d’un repérage effectué en amont de l’infection proprement dite ». Cette nouvelle révélation porte à quinze le nombre de membres du gouvernement touchés dans l’affaire Pegasus.

Selon Mediapart : « un membre de la cellule diplomatique de l’Elysée, dont le nom n’est pas divulgué, figure parmi les personnes dont les téléphones présentent des traces de Pegasus. Franck Paris, le conseiller pour l’Afrique d’Emmanuel Macron, faisait aussi partie des cibles potentielles ».

L’inquiétude grandissante autour des technologies de surveillance

Suite à cette affaire, l’ONU a appelé à un moratoire sur les technologies de surveillance. Des experts, membres de l’ONU, ont déclaré ceci à propos de cette affaire : « nous sommes profondément préoccupés par le fait que des outils intrusifs hautement sophistiqués sont utilisés pour surveiller, intimider et réduire au silence les défenseurs des droits de l’homme, les journalistes et les opposants politiques ».

Pour le moment, aucune information n’a fuité à propos du téléphone portable d’Emmanuel Macron. Le numéro du chef de l’Etat figure sur la liste des 50 000 numéros de cibles désignées de Pegasus. D’après les révélations de cet été, le président Emmanuel Macron était dans le viseur du gouvernement marocain depuis plusieurs mois. Les services de renseignement marocains auraient pu mettre sur écoute un téléphone du président de la République française.

De son côté, NSO Group, l’entreprise israélienne qui conçoit et commercialise le logiciel Pegasus, continue de nier les faits. En juillet 2021, Shalev Hulio, CEO de NSO Group, a donné plusieurs interviews pour tenter d’innocenter sa société. Le 23 septembre, un porte-parole de la société a écrit que : « les ministres français ne sont pas et n’ont jamais été des cibles de Pegasus ».