Si les grands modèles de langage, tels que ChatGPT, sont au cœur des attentions quand il est question d’intelligence artificielle (IA), il existe des domaines plus discrets qui exploitent cette technologie. Le secteur de la medtech en est un. Sonio, start-up française spécialisée dans la santé de la femme et de l’enfant, s’en sert pour optimiser les examens échographiques et détecter les anomalies en temps réel. Ce mardi 11 juillet, l’entreprise a clôturé un tour de table de 13 millions d’euros. Les fonds serviront principalement à finaliser leur solution et partir à la conquête du marché américain, quitte à tenir tête aux géants comme Google.
Se servir de l’IA pour déceler les anomalies prénatales
« Améliorer la vie des femmes et des enfants, », c’est la mission que s’est donnée Cécile Brosset en confondant, avec Rémi Besson, Sonio en 2020. Elle explique à Siècle Digital qu’il y a chaque année « presque 300 000 femmes qui meurent de l’accouchement dans le monde » à la suite de diverses complications. Pour pallier ces risques, la start-up parisienne propose une solution de détection et de diagnostic d’anomalies lors des échographies prénatales, basée sur l’IA.
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Celle-ci permet de s’assurer que les images ont été prises correctement lors des examens et « qu’elles répondent à tous les critères de qualité ». Une façon de procéder à un dépistage plus complet des fœtus. « Si nous savons déceler une image normale, nous savons aussi déceler une image anormale », commente la fondatrice. Sonio travaille dans un second temps sur l’entraînement d’algorithmes sur un jeu de données comportant des images rares obtenues grâce à un partenariat avec l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) et l’hôpital Necker. Selon eux, cet accord leur permet « d’avoir la meilleure IA clinique » pour déceler les anomalies.
Direction les États-Unis
Aujourd’hui, Sonio propose sa solution aux médecins, aux cabinets privés, aux cliniques ou encore aux hôpitaux publics. « Nous n’avons pas de spécificité, il s’agit d’un logiciel qui peut accompagner toutes les sphères de l’échographie obstétricale, » confie Cécile Brosset. La start-up commercialise son produit sur les marchés français, allemand, anglais et néerlandais en Europe. À travers des distributeurs et partenaires, elle vend également son logiciel en Inde, au Brésil, au Nigéria ou au Portugal. S’engager dans des pays à faibles revenus « est un des aspects importants de notre mission ».
En levant 13 millions d’euros, récoltés auprès de Cross Border Impact Ventures, EIC Fund, Elaia, Bpifrance, OneRagtime et plusieurs business angels, Sonio veut partir à la conquête des États-Unis qu’elle considère « comme son plus gros marché ». Son objectif est de faire grandir sa filiale américaine en démarchant de grosses structures médicales.
En mettant un pied dans l’industrie américaine de la medtech, Sonio va devoir se confronter à des concurrents de taille comme Google. Une prise de risque qui ne fait pas peur à Cécile Brosset, « cette levée de fonds va nous permettre justement de prouver que nous pouvons aller vite sur ce domaine-là, aux côtés de ces géants ».
La place de l’intelligence artificielle dans la médecine
Alors que l’intelligence artificielle est l’objet de nombreuses controverses, pressant les régulateurs du monde entier pour l’encadrer, la question de sa place dans le secteur de la médecine se pose. Cécile Brosset estime que si elle permet de « générer des vrais gains cliniques et d’efficacité », la véritable problématique est de savoir comment l’utiliser. Prenant l’exemple de Sonio, elle souligne que la solution apporte un gain de temps considérable sur les tâches administratives, en remplissant automatiquement les comptes rendus d’examen. De quoi permettre aux médecins « de se concentrer sur la clinique et les relations avec le patient ».
Anticipant les remarques sur le remplacement de l’Homme par l’IA, elle fait remarquer que « cette crainte est relativement infondée. Évidemment qu’il faut un médecin et des examens cliniques ». Toutefois, la présidente-directrice générale met en avant la pénurie de praticiens et l’existence de déserts médicaux, « c’est là où la technologie peut aider ».