Prise en étau entre ses grandes ambitions et sa volonté de contrôler le contenu qui circule dans le pays, la Chine s’apprête à réglementer l’usage de l’intelligence artificielle (IA) générative. Des mesures pourraient être publiées dès ce mois de juillet.

Les entreprises devront bien vérifier quel contenu est utilisé pour former les modèles

L’Empire du Milieu voit grand et surtout, veut devancer son rival américain dans ce domaine. L’IA est considérée comme l’une des technologies les plus convoitées du moment. En avril dernier, la Cyberspace Administration of China (CAC), l’organisme de réglementation et de la surveillance d’Internet du gouvernement chinois, partageait une ébauche de ses futures réglementations de l’IA générative.

Elle devrait très prochainement renforcer ses propositions afin de les mettre en œuvre. Selon le Financial Times, les autorités souhaitent créer un système qui obligera les entreprises à obtenir une licence avant de pouvoir mettre sur le marché des systèmes d’IA générative. Par ailleurs, les firmes chinoises devront déployer davantage d’efforts pour filtrer le type de données utilisées pour entraîner les modèles.

Un nouvel organe gouvernemental va également être introduit. Il aura pour objectif de réguler les modèles de langage.

Un exercice périlleux

Il s’agit d’un véritable casse-tête pour la Chine, qui est contrainte de faire un compromis entre les principes fondamentaux du Parti communiste et devenir un leader dans le domaine de l’intelligence artificielle. Le contenu généré par les IA chinoises doit « incarner les valeurs fondamentales du socialisme » et ne doit rien contenir qui « subvertit le pouvoir de l’État, préconise le renversement du système socialiste, incite à diviser le pays ou porte atteinte à l’unité nationale », annonçaient les autorités au mois d’avril.

De ce fait, les géants technologiques comme Baidu et Alibaba, qui travaillent sur leurs propres modèles, sont restés en contact avec la CAC pour savoir s’ils se conformaient à ses exigences. La tâche de la Chine s’annonce tout de même complexe, car le pays ne veut pas brider ses entreprises technologiques, tout en s’assurant que leurs modèles seront en accord avec les valeurs promues par le parti unique.

L’Empire du Milieu n’est pas le seul pays à vouloir réglementer l’IA. Si le Royaume-Uni a lancé un vaste examen du secteur afin de l’analyser, l’UE développe l’AI Act. Ce texte sera l’un des plus strictes au monde, et les législateurs espèrent qu’il établira une norme mondiale. Il reprend, d’ailleurs, le principe de licences voulu par les autorités chinoises.