Les éditeurs de presse et les artistes sont de plus en plus inquiets de l’avènement de l’intelligence artificielle générative. En utilisant leurs contenus, les entreprises d’IA peuvent développer des outils performants sans forcément respecter les droits d’auteur et les consentements. Une situation qui ne plaît pas et qui mériterait compensation selon les médias.

Les médias veulent être rémunérés lorsque leurs contenus sont utilisés par les IA génératives

« Si des entreprises utilisent nos contenus, il faut une juste rémunération », déclare le président du directoire du journal Le Monde, Louis Dreyfus. Depuis plusieurs semaines, si ce n’est plusieurs mois, les géants de l’IA générative négocient avec bon nombre de médias afin d’utiliser leurs contenus légalement.

Parmi les idées évoquées, la création d’un contrat de licence permettant aux entreprises d’accéder au contenu d’un média en particulier, ou d’un abonnement mensuel leur accordant le droit d’utiliser le contenu de plusieurs médias. Toutefois, interrogé par Le Monde, Google affirme que « les discussions sont encore peu avancées, et qu’elle continuait à travailler avec les éditeurs de presse pour recueillir leurs positions  ».

Pourtant, la position des éditeurs semble claire : ils ne veulent plus que ces sociétés puissent utiliser leur contenu sans obtenir de compensation financière. « Pour les IA, c’est un enjeu de matière première. Il faut donc de la part de la presse une réponse industrielle, collective, », précise Emmanuel Parody, secrétaire général du Groupement des éditeurs de contenus et services en ligne (Geste).

Un cadre juridique non favorable aux éditeurs et aux créateurs

Si les éditeurs et les artistes ont décidé de mettre en lumière ce problème, c’est parce qu’ils considèrent que les intelligences artificielles exploitent leurs contenus et leurs œuvres sans leur consentement. Dans le cas où une IA générative est utilisée pour doper un moteur de recherche, comme c’est le cas avec ChatGPT pour Bing, des situations assez cocasses peuvent se produire.

En effet, selon le directeur général du groupe Figaro, Marc Feuillé, « dans les résultats du moteur de recherche, les liens vers nos sites vont être déclassés, en dessous des réponses du chatbot ». Un véritable coup de massue pour les médias pourtant à l’origine de ces contenus originaux utilisés par les robots conversationnels.

Malheureusement pour les éditeurs, la loi ne les aide pas à l’heure actuelle. Au sein de l’Union européenne, le cadre juridique de la revendication de la presse dans l’IA reste flou. Elle oblige les géants de la tech à rémunérer les médias pour l’utilisation d’extraits d’articles sur leurs plateformes, mais pas dans le cadre de leur utilisation pour entraîner une IA générative. La pratique est autorisée par ce cadre législatif, sauf si les éditeurs la refusent.

Avec la future entrée en vigueur de l’AI Act européen adopté en juin dernier, ces problèmes ne seront qu’un lointain souvenir. Plusieurs mesures ont été ajoutées par le législateur européen pour que le droit d’auteur soit respecté et que les propriétaires d’œuvres ou de contenus soient rémunérés dans ce cas précis.