Sur l’ancienne base militaire de Metz siège désormais un entrepôt gris arborant un sourire bleu, symbole de la division logistique d’Amazon. Dans plus de 55 000 m2, répartis sur quatre étages, se relaient plus de 4 000 salariés, accompagnés d’environ 3 000 robots. Ce fourmillement, mi-humain mi-mécanique, permet au géant du e-commerce d’améliorer sa productivité tout en soulageant ses employés sur de nombreuses tâches pénibles.
À Augny, l’entrepôt Amazon le plus grand de France
Le centre de distribution d’Amazon est le plus robotisé en France. Des automates dansent parmi les 700 personnes qui travaillent en même temps sur le site. Entre bras préhenseurs, robots à roulette et salariés, chacun participe à la mise en stock et à la préparation des commandes.
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À VivaTech, David Lewkowitz, président d’Amazon Logistique France, déclarait que la robotique venait « aider les employés dans les centres de distribution » pour transporter et trier la marchandise. La société américaine, qui dispose de 10 ans d’expérience dans le domaine, aurait recours à plus de 750 000 robots dans le monde entier.
Selon lui, il y a deux logiques derrière la volonté de robotisation d’Amazon : la sécurité des travailleurs et leur bien-être. Souvent décriée sur ce point, Amazon a dépensé, depuis 2021, plusieurs millions d’euros pour améliorer le confort de son personnel. Introduire des robots fait partie de cette stratégie. Grâce à eux, le personnel devient « plus efficace dans leurs activités, ce qui améliore l’expérience client ».
Des robots pour épauler les employés
Au rez-de-chaussée du bâtiment se trouve toute la partie réservée à la réception des colis, mais aussi à leur emballage. Au début de la chaîne, remplaçant un travail manuel, se trouve un bras robotique palettiseur qui récupère les colis avant de les envoyer sur les convoyeurs. Pierre-Louis Debroise, directeur du site, explique à Siècle Digital qu’avant de mettre en place de telles machines, « nous nous demandons quelles sont les tâches dont l’ergonomie a besoin d’être améliorée ».

Robot bras palettiseur. Photographie : Antoine Messina / Siècle Digital.
C’est en partant de ce postulat que chaque robot est implanté le long des différentes étapes du processus. Au niveau de l’étiquetage des paquets se trouve un autre bras robotique, surnommé Robin, doté de ventouses pour déplacer les colis et d’une caméra pour les scanner. Une solution pour récupérer de la donnée et d’être capable de remonter à l’origine du problème en cas d’erreur de parcours.

Robot Robin. Photographie : Antoine Messina / Siècle Digital.
Les étages supérieurs abritent la grande majorité des automates d’Augny : environ 3 000 robots Hercule, 1 000 par niveau. Ces petites plateformes carrées et bleues transportent les étagères de stockage des articles pour éviter des déplacements répétés aux agents de logistique. « Il s’agit d’un gain d’ergonomie pour nos employés », fait remarquer Pierre-Louis Debroise. Dans un ballet éternel, les rangements d’Amazon se déplacent pour permettre l’emmagasinage de millions d’articles.

Étagères soulevées par le robot Hercule. Photographie : Antoine Messina Siècle Digital.
L’Homme en tant que superviseur de la technologie
Dans ses établissements, Amazon a choisi d’opter pour « une approche collaborative » entre les robots et ses salariés. En anticipant les questions sur la suppression d’emplois, David Lewkowitz souligne que plus de « 700 nouveaux métiers ont vu le jour depuis l’introduction de la robotique », comme celui d’informaticien et de mécanicien. Des formations internes sont également proposées au personnel pour les initier à ses nouveaux emplois. Les employés dont le poste est remplacé par celui d’un automate sont invités à se former pour à leur entretien ou sont redirigés vers un autre poste.
Le patron de la logistique pour Amazon France confiait à Siècle Digital que, sur le site d’Augny, « les équipes de maintenance comptent 200 à 250 personnes formées à ces nouvelles fonctions ». Il appuie sur la nécessité d’un regard humain pour « superviser la diversité des produits et vérifier leur qualité ».
Amazon veut rendre un environnement dangereux plus sûr
Par le passé, Amazon a déjà été au cœur de plusieurs scandales, notamment des accidents causés par ses machines. Faire évoluer du personnel aux côtés de robots peut être dangereux. Interpellé sur le sujet, Pierre-Louis Debroise assure que les espaces contenant les automates sont hautement sécurisés, « il faut être habilité, avoir une clé et être en possession d’un code pour l’approcher. Même moi je n’y suis pas autorisé ».
Pour permettre au personnel qualifié de se déplacer parmi les robots Hercule, Amazon a développé une veste équipée d’un dispositif forçant les machines à s’arrêter. Il s’agit de deux boîtiers qui émettent des ondes radios, causant des interférences pour les immobiliser. « Cela nous permet d’aller faire de la maintenance ou de ramasser des articles tombés au sol et qui pourraient devenir des obstacles gênants », indique un employé, « c’est d’ailleurs 90 % du travail ».

La veste développée par Amazon. Photographie : Antoine Messina / Siècle Digital.
Favoriser la collaboration entre les robots et les employés sur leur lieu de travail, c’est l’objectif d’Amazon. Le géant n’est pas à l’abri de la suspicion sur la réalité de ses ambitions. Et si la collaboration était le prélude à la robotisation ? Face à ses inquiétudes, les deux dirigeants cherchent à rassurer : il n’est pas question de se passer d’une main-d’œuvre humaine. Pierre-Louis Debroise affirmait qu’à Augny, si la moitié de la productivité était due à l’activité robotique, l’autre moitié provenait des salariés.