Depuis 2019, TikTok essaye de s’imposer comme une plateforme d’e-commerce. Franc succès en Asie du Sud-Est, particulièrement en Indonésie, au Vietnam et logiquement en Chine, ByteDance, maison mère du réseau social, a subi plusieurs revers en occident. La start-up privée la plus valorisée au monde ne baisse pas les bras avec, ce mois-ci, son mystérieux Projet S.

Seitu, la nouvelle arme de ByteDance pour ses fonctionnalités d’e-commerce

Lors des dernières semaines, les utilisateurs britanniques de TikTok ont aperçu une nouvelle fonctionnalité d’e-commerce dans leur application favorite. Baptisé Trendy Beat, il s’agit d’une section proposant des articles populaires dans les vidéos du réseau social. Les consommateurs peuvent acheter des brosses pour leurs animaux, des produits d’hygiène ou encore de l’équipement sportif.

Cet espace d’e-commerce se différencie de la précédente fonctionnalité TikTok Shop. Déployée en mai 2021 au Royaume-Uni, Shop permet d’ajouter un onglet Shopping au profil des utilisateurs. Les e-commerçants sont libres de vendre tous les produits qu’ils souhaitent, en contrepartie l’entreprise chinoise récupère une commission. Problème, TikTok Shop avait reçu un accueil négatif de la part des Anglo-Saxons. Avec le manque d’option et de transparence du réseau social, les influenceurs et les utilisateurs de la région ne s’identifiaient plus comme des acteurs sur la plateforme, mais simplement comme des vendeurs et des clients. Lancé en novembre dernier aux États-Unis, le nouvel onglet shopping a laissé indifférents les utilisateurs. À contre-courant des Occidentaux, la fonctionnalité a été très bien accueillie au Vietnam et en Indonésie.

Avec Trendy Beat, ByteDance explore une nouvelle stratégie : la page d’achat de la fonctionnalité est reliée à une société appelée Seitu, enregistrée à Singapour et sous sa houlette. Le Financial Times rapporte que tous les articles sont produits et expédiés par cette société depuis la Chine. En vendant ses propres produits, l’entreprise peut ainsi récupérer l’entièreté des bénéfices.

Contacté par Siècle Digital, TikTok n’a, au moment où ces lignes sont écrites, pas répondu sur un éventuel lancement de Trendy Beat en France.

Le quotidien britannique ajoute que Seitu est également connecté à If Yooou, une autre entreprise d’e-commerce appartenant à ByteDance. Lim Wilfed Halim, responsable de la lutte contre la fraude et de la sécurité de l’e-commerce mondial de TikTok à Singapour, est enregistré en tant que directeur de Seitu. Bob Kang, responsable du Projet S et de l’e-commerce de ByteDance, a voyagé, le mois dernier, pour coordonner la stratégie entre les bureaux de TikTok de Londres et ceux de Pékin.

La start-up chinoise serait en train de créer une grande filiale de vente en ligne pour rivaliser avec le géant chinois Shein et l’application sœur de Pinduoduo, Temu. Le responsable du Projet S serait obsédé par cette dernière, « Bob Kang veut reproduire son succès, et pense que ByteDance peut le faire en s’insérant dans le processus d’approvisionnement et de vente » a déclaré une source interne à Financial Times.

Cette nouvelle stratégie pourrait rapporter énormément d’argent à ByteDance. En 2022, la start-up pékinoise a généré 85 milliards de dollars de ventes, l’équivalent de 10 milliards de produits.