C’est un serpent de mer dans le monde de l’IA : quand les algorithmes seront-ils capables d’analyser le comportement humain avec précision ? C’est le défi que s’est lancé Christophe Stern avec Stern Tech. À l’occasion de l’édition 2023 de VivaTech, ce sociologue de formation a pu faire une démonstration de sa technologie au travers du concept-car H1st vision du consortium Software Republique. Idéal pour préparer le lancement sur le marché des plateformes de la start-up, fin juin.

Le coup de boost VivaTech

« Pour nous VivaTech a déjà été une opportunité géniale », s’enthousiasme Christophe sur le stand rassemblant les douze entreprises ayant participé au projet de Software Republique. Et pour cause, c’est au cours de l’édition précédente que la présentation du concept a été remarquée par Luc Julia, le créateur de Siri et aussi et surtout par le consortium.

Stern Tech, fondée en juillet 2022, est une émanation de Stern Consulting fondée 3 ans plus tôt. Interpréter la complexité des signaux comportementaux humains par l’IA a toujours été compliqué, bien qu’envisagé depuis longtemps. La start-up est parvenue à convaincre en associant algorithme et sciences cognitives.

Les connaissances accumulées depuis des dizaines d’années, voire plus, par la sociologie, – l’objet d’étude initial de Christophe Stern – la psychologie, les neurosciences ou la linguistique, viennent combler les lacunes de l’IA. Elles renforcent la subtilité de l’analyse de l’humeur, en identifiant un profil psychologique de la personne, capable de différencier les émotions réelles de celles simulées, comme une expression forcée ou biaisée comme « le sourire du Joker », un exemple apprécié par Christophe Stern.

Dans la H1st vision cela se traduit par « Mobility eHealth ». Avec l’aide de STMicroelectronics, les données biométriques et comportementales du conducteur sont analysées. Il permet de détecter un assoupissement ou un énervement. « Pour nous, le projet ressemblait presque à un exercice de laboratoire, le comportement en voiture est très codifié, ça nous a beaucoup intéressés », se remémore Christophe Stern.

Après 6 mois d’échange, la start-up a pu intégrer le projet pour une mission sur une période équivalente. Son fondateur salue le travail d’intégration des technologies de Software Republic et la qualité de la relation entre les partenaires pourtant de taille variée. Contrairement à la H1st vision, « Mobility eHealth » est déjà prêt à envahir le marché.

L’autre technologie attendue est « crowd analysis », l’analyse de foule. « L’idée est de capturer les réactions des personnes visionnant un événement » décrit Christophe Stern. En seulement trois secondes, le présentateur peut être informé qu’un pourcentage significatif de telle audience accroche à son discours, ou l’inverse. Le marketing, la formation, la communication sont autant de secteurs pouvant imaginer s’emparer de la plateforme.

Un avenir prometteur pour Stern Tech

Les solutions peuvent effrayer et son créateur en a parfaitement confiance. Au-delà du consentement obligatoire des utilisateurs, les données des deux produits ne sont pas envoyées sur Internet et restent en local, sont exploitées en local, sans repasser par l’entreprise. Elles sont également restreintes aux informations qui intéressent le bon fonctionnement, il s’agit uniquement de données qualifiées.

En plus de la sécurité des données, cela permet également d’éviter des surcoûts de fonctionnement et des dépenses d’énergies inutiles. Pour fonctionner, la plateforme de Stern Tech n’a pas besoin d’aller chercher des capacités de calcul dans le cloud, hormis pour son entraînement initial. C’est l’un des arguments de la jeune entreprise face à sa quinzaine de concurrents, l’assurance d’un prix bas.

Disposant déjà d’une convention de recherche avec le CNRS, l’université Paris Cité, bientôt une collaboration avec La Sorbonne, la start-up dispose d’une équipe de 20 personnes, chercheurs en sciences cognitives et développeurs confondus.

Avec son lancement commercial, la start-up espère progresser rapidement. Elle a déjà bénéficié de crédit de programmes d’OVH et Google, et d’un soutien de la Banque Publique d’Investissement pour son programme DeepTech. Au CES de janvier 2023 elle a déjà engrangé 127 précommandes et espère développer son activité grâce à une levée de fonds en cours.