Huawei a présenté, le 20 avril, MetaERP, son propre système d’entreprise (ERP) capable de gérer les opérations des différents secteurs de la société. Après plus de trois ans de développement, ce dernier est enfin prêt à prendre le relais de celui d’Oracle, l’un de ses prestataires. Cette révélation rejoint la politique de Pékin d’être moins dépendant des technologies américaines.

Trois ans de développement

Au cours du mois de mai 2019, les États-Unis ont ajouté Huawei à l’Entity List, leur liste empêchant de se procurer du matériel auprès d’entreprises américaines. Dès lors le géant chinois de la télécommunication se retrouvait sans moyen d’échanger avec les fournisseurs de son système d’entreprise. « Il y a plus de trois ans, nous avons été coupés de notre ancien système ERP et d’autres systèmes d’exploitation et de gestion de base », explique Tao Jingwen, membre du conseil d’administration de Huawei et président de son département de gestion de la qualité. Lors d’une conférence de presse, relayée par le South China Morning Post, il précisait que « tout problème lié au système menaçait de paralyser le “système nerveux” de l’ensemble de notre entreprise ».

Selon Huawei, la création de MetaERP a été son « projet de transformation le plus vaste et le plus complexe jamais entrepris ». Sa construction aura nécessité plus de trois ans et des dizaines de milliers de personnes « tout en collaborant avec les partenaires de l’industrie et de l’écosystème pour relever les défis qui y sont liés ».

Meng Wanzhou, présidente tournante et directrice financière du mastodonte, assure que « les progrès technologiques exigent un esprit artisanal et des années d’expérience ». Elle ajoute que « nous n’aurions pas pu construire MetaERP sans le soutien de nos partenaires ». Le nouveau système d’entreprise de Huawei est d’ores et déjà en place et s’occupe actuellement de l’ensemble des scénarios commerciaux du groupe et 80 % de son volume d’affaires.

Huawei et la Chine cherchent leur indépendance technologique

MetaERP devrait permettre à Huawei d’être moins dépendant des États-Unis. Face à l’embargo à l’égard de sa société, Ren Zhengfei, fondateur et directeur exécutif de Huawei, révélait, fin février, avoir échangé plus de 13 000 composants américains avec des semi-conducteurs fabriqués en Chine et repensé plus de 4 000 circuits imprimés pour ses appareils.

Cette stratégie rejoint la volonté de Xi Jinping, président de l’Empire du Milieu, pour qui l’autonomie technologique est une priorité. Si Huawei a refusé de se prononcer sur une potentielle commercialisation de MetaERP, sa technologie pourrait être revendue, à l’avenir, à des sociétés chinoises pour assurer la souveraineté de la Chine en matière de système d’entreprises.