Un peu moins de 2 300 délégués réunis au Palais du peuple, à Pékin, ont assisté le 16 octobre au discours d’ouverture de Xi Jinping, lors du XXe Congrès du parti communiste chinois. L’homme fort de la Chine a donné au développement technologique une place notable dans une allocution de près de deux heures.

L’autosuffisance technologique, une nécessité pour la Chine ?

Le 12 octobre, les États-Unis ont dévoilé leur stratégie de sécurité nationale. Dans ce document l’administration Biden identifie clairement la Chine comme « le défi géopolitique le plus important » pour le pays. C’est dans ce contexte de rivalité toujours plus accru avec l’Oncle Sam que s’est ouvert le Congrès.

Les thématiques autour de la sécurité du pays, de l’armée, ont effectivement occupé une grande place dans la bouche de Xi Jinping, mais ce dernier a maintenu que le développement économique de la Chine restait la « priorité absolue ». Le leader chinois souhaite que le PIB du pays double d’ici 2035 pour atteindre l’objectif de devenir la première puissance mondiale en 2049, à l’occasion du centenaire du régime.

Plus encore que par le passé, la technologie est l’un, si ce n’est le principal moyen d’atteindre ces objectifs, « L’innovation restera au cœur de l’effort de modernisation de la Chine » a affirmé Xi Jinping. Reuters a relevé que le mot même de « technologie » a été mentionné à 40 reprises, contre seulement 17 lors du précédent discours d’inauguration du Congrès de Xi Jinping, en 2017.

Dans son exercice de lexicographie, l’agence de presse a relevé que la thématique de l’autosuffisance technologique était revenue à 4 occasions en 2022, un changement par rapport à 2017 où elle n’avait pas émergé. Xi Jinping a notamment déclaré, « rejoindre les rangs des pays les plus innovants du monde, avec une grande autonomie et une grande force en matière de science et de technologie ». Il a prophétisé que « Nous gagnerons résolument la bataille dans les technologies clés de base ».

Les semi-conducteurs viennent immédiatement à l’esprit. Malgré une politique ambitieuse de financement public, ayant abouti à l’émergence de grands acteurs comme Semiconductor Manufacturing International Corp et Yangtze Memory Technologies Co, les puces, principalement les plus avancés, restent la grande fragilité du pays.

Un défaut identifié de longue date par les États-Unis. C’est le point faible sur lequel insistent le plus les Américains. Début octobre Washington a pris des mesures drastiques pour bloquer les progrès de Pékin dans le domaine. Sans mentionner de pays précisément Xi Jinping a constaté avec regret, « les courants opposés à la mondialisation commencent à gagner du terrain, l’unilatéralisme et le protectionnisme montent en puissance ».

Quelle politique pour les géants du numérique ?

Selon l’analyse de Bloomberg, le discours de Xi Jinping contient une touche d’espoir pour les entreprises technologiques chinoises. Les géants comme Alibaba ou Tencent, réprimé depuis 2020 après 10 ans de laxisme bienveillant, pourraient bénéficier de ce besoin de développement de technologie native. Ils pourraient espérer retrouver une certaine liberté et un soutien de l’État, à l’image de la période faste qui les a vus éclore.

Néanmoins, dans ses propos, le président chinois a plutôt donné une impression de continuité, dans la politique zéro-Covid, le plan prospérité commune ou encore sa volonté affichée de « perfectionner le système de gestion intégrée des sites Internet de manière à créer un cyberespace sain et propre ».

Des analystes cités par Reuters ont noté que, contrairement à 2017 où l’innovation technologique devait être « basée sur le marché », Xi Jinping a cette fois évoqué la construction d’un « tout nouveau système dirigé par le pays ».