Microsoft veut aller plus loin que la neutralité carbone, en visant la négativité carbone à l’horizon 2030. Pour concrétiser cette ambition, l’entreprise fondée par Bill Gates va collaborer avec CarbonCapture, une start-up spécialisée dans la technologie de séquestration d’émissions de carbone. Microsoft pourrait alors devenir l’un des premiers bénéficiaires du plus grand projet mondial de capture du carbone, pour un montant non dévoilé. Philip Goodman, chargé des projets liés au carbone chez Microsoft, estime que « Cet accord avec CarbonCapture nous aide à atteindre notre objectif de neutralité carbone, tout en contribuant à catalyser la croissance de l’industrie du captage direct de l’air dans son ensemble ».

En 2020, Microsoft dévoilait son ambition de devenir négatif en carbone. Pour compenser ses émissions de gaz à serre, l’entreprise américaine a dessiné une feuille de route aux multiples leviers de décarbonation, dont la création d’un fonds d’innovation technologique doté d’une enveloppe d’un milliard de dollars, la publication annuelle d’un rapport sur les progrès réalisés ou encore l’électrification de son parc automobile. La feuille de route fait également la part belle à la séquestration du carbone pour compenser son empreinte carbone, avec des investissements dans divers projets écologiques, menés par l’entreprise suisse Climeworks et CarbonCapture.

Basée à Los Angeles, CarbonCapture est à l’origine du projet Bison, un site gigantesque situé dans l’État américain du Wyoming et consacré à la séquestration des émissions de gaz à effet de serre. Encore à l’état de construction, le futur complexe industriel devrait être opérationnel dès 2024. Grâce à une technologie modulaire favorable à la scalabilité, CarbonCapture stocke des quantités importantes de dioxyde de carbone dans des containers ayant la capacité de filtrer près de 75% de l’air ambiant, sans nécessiter de creuser et d’alimenter des espaces souterrains. Les contenants, fabriqués à Los Angeles, seront imbriqués les uns sur les autres, à l’air libre. Ces modules auront la capacité d’éliminer et de stocker près de 12 000 tonnes de CO2 par an.

CarbonCapture voit encore plus grand : l’entreprise ambitionne d’emmagasiner près de 5 millions de tonnes de CO2 par an dès 2030. Établir un partenariat avec une firme multinationale comme Microsoft est donc un véritable coup de pouce pour la start-up, qui souhaite étendre progressivement la taille de son complexe du Wyoming. Adrian Corless, CEO et CTO de CarboneCapture, partageait à The Verge que « C’est une grande affaire pour nous, c’est juste une étape importante, vous savez, une étape de validation pour notre entreprise ».

L’enjeu est également financier, puisque la valeur du contrat signé avec Microsoft serait plus élevée que l’ensemble des accords conclus avec ses autres partenaires. Surtout, cette annonce donne un coup de fouet à l’industrie de capture du carbone, soutenue par l’administration Biden via différents plans gouvernementaux, comme le Bipartisan Infrastructure Law et l’Inflation Reduction Act. L’exemple de Microsoft pourrait donc inspirer d’autres entreprises à investir dans ce secteur prometteur et écologique.