La Competition and Markets Authority (CMA), organisme britannique chargé de combattre les pratiques anticoncurrentielles, a averti qu’elle pourrait lancer une enquête approfondie sur le rachat de VMware par Broadcom, géant américain des semi-conducteurs. Selon elle, l’opération pourrait entraîner l’augmentation du prix des serveurs informatiques tout en entravant l’innovation.
Que dit la CMA ?
L’acquisition a été annoncée en mai 2022 pour un montant de 61 milliards de dollars, en faisant la plus importante de l’histoire de Broadcom. Elle s’inscrit dans une démarche de diversification de l’entreprise. Compte tenu de l’ampleur de l’opération, les organismes de régulation se sont très vite intéressés à cette dernière. La Commission européenne et le gouvernement britannique ont tous les deux ouvert une enquête afin de déterminer les risques qu’elle posait pour le marché.
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VMware fournit des solutions de virtualisation et de cloud computing pour les entreprises, ce qui octroierait trop de pouvoir à Broadcom, estime le régulateur britannique au terme de son investigation. « Broadcom [pourrait] exclure ses concurrents de la fourniture de composants matériels sur le marché des serveurs et entraîner une baisse de l’innovation à un moment où la plupart des entreprises veulent des systèmes informatiques rapides, réactifs et abordables », souligne David Stewart, directeur exécutif de la CMA.
L’autorité est préoccupée par les informations commercialement sensibles que pourrait obtenir Broadcom, particulièrement les données que ses rivaux fournissent à VMware, rapporte le Financial Times. En mettant la main sur de tels éléments, le fabricant de puces pourrait nuire à l’innovation, affectant directement les utilisateurs en réduisant le nombre de mises à jour de produits ou de nouvelles fonctionnalités.
Broadcom reste confiante
La CMA attend désormais la réponse de Broadcom qui dispose de cinq jours ouvrables pour les fournir. Si l’autorité n’est pas convaincue, elle engagera alors une enquête approfondie sur l’acquisition, pouvant mener à son blocage.
L’entreprise américaine se dit confiante de pouvoir répondre aux préoccupations de la CMA et compléter l’opération avant la fin de l’année fiscale 2023. Elle estime que le rachat va « permettre aux entreprises d’accélérer l’innovation et d’élargir le choix en relevant leurs défis technologiques les plus complexes à l’ère du multi-cloud ». En parallèle, l’organisme britannique étudie le rachat d’Activision Blizzard par Microsoft.
Pour sa part, la Commission européenne doit rendre son verdict le 21 juin prochain. Les régulateurs australiens, brésiliens et canadiens ont d’ores et déjà validé l’acquisition.
Une réputation entachée
Ce n’est pas la première fois que Broadcom suscite l’intérêt des autorités antitrust. La société est souvent critiquée pour sa tendance à augmenter considérablement les prix des produits des entreprises qu’elle acquiert, telles que CA Technologies rachetée en 2018 pour 19 milliards de dollars, et Symantec, acquise pour 10,7 milliards de dollars en 2019.
En outre, le rachat de Qualcomm par Broadcom en 2018 a été contrecarré par Donald Trump pour des raisons de sécurité nationale. Le PDG de Broadcom, Hock Tan, a assuré ne pas vouloir appliquer de hausse tarifaire aux produits de VMware.